Strasbourg: Que pourrait changer le classement de la forêt de la Robertsau en réserve naturelle nationale ?

ENVIRONNEMENT Alors qu’un projet de classement en réserve naturelle nationale de la forêt de la Robertsau est à l’étude, usagers, collectivité, associations, font prévaloir leurs arguments sur le devenir de ce lieu si apprécié des Strasbourgeois…

Gilles Varela
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La Robertsau le 23 11 2010. Dans la forêt de la Robertsau
La Robertsau le 23 11 2010. Dans la forêt de la Robertsau — G. VARELA / 20 MINUTES
  • Un projet de classement en réserve naturelle de la forêt de la Robertsau-La Wantzenau est à l’étude.
  • Les contraintes d'un tel classement inquiètent certains habitants et usagers de la forêt, où pêcheurs, chasseurs et promeneurs se côtoient depuis de longues années.

Réunion publique, prises de position, communiqué de presse… Cela bouge dans le tranquille et prisé quartier de la Robertsau. Au cœur des discussions, le classement en réserve naturelle nationale des 700 hectares de la forêt de la Robertsau - Wantzenau.

Si l’idée de protéger la forêt prédomine chez les habitants de la Robertsau, certains rappellent sur le Blog de la Robertsau qu’il ne faudrait « pas aller trop loin dans les contraintes.» Et le classement en réserve naturelle interroge car c’est sur l’un des régimes de protection de la nature les plus forts en droit français. Craintes d’usagers de ne « plus pouvoir aller cueillir des morilles ou du muguet en dehors des sentiers », questions d’accessibilité au Rhin, pêcheurs et chasseurs qui ne voient pas forcément d’un bon œil de nouvelles réglementations ou restrictions… Des avis aux antipodes d’associations, comme Alsace nature qui au contraire voit en ce classement l’occasion de « boucler enfin la protection des grandes forêts périurbaines de notre agglomération », se félicitant encore de retrouver ainsi « les poumons de naturalité indispensables aux  politiques écologiques ».

« La forêt ne sera pas mise sous cloche »

« Une réserve naturelle est une disposition nationale qui vise en priorité à protéger le milieu, la biodiversité, mais là nous sommes en forêt péri urbaine avec 400.000 visiteurs chaque année, donc il ne sera pas mis sous cloche », promet Christel Kohler, adjointe au maire en charge de Ville en nature et ville nourricière.

L’élue précise également que la pêche sera autorisée notamment dans l’étang du Rohrkopf, la Flete, dans l’Ill. Une restriction pour la pêche, émise par le CNPM​, concernerait « le Steingiesen car il est particulièrement vulnérable, avec un écosystème riche, des espèces protégées, des castors. Cela éviterait ce qui s’est passé dans la zone protégée de la forêt du Rohschollen lorsque nous avons redynamisé un ancien bras du Rhin, devenu plus poissonneux, et qui avait attiré plein de pêcheurs, venus même d’Allemagne. »

Repenser l’usage de la forêt

« Un classement permettrait de notifier et de cartographier les sentiers. La cueillette, tant que c’est pour un usage personnel, est autorisée, mais oui, l’objectif premier est la protection du milieu, alors il faudra un peu repenser ses usages », concède Cristel Kohler. « Cela pourrait être l’occasion par exemple de faire une maison de la réserve naturelle, des ateliers pédagogiques pour les scolaires, et puis un milieu riche et varié attire également les visiteurs. »

Concernant la chasse, sur les trois zones jusque-là autorisées, seule la zone sur le ban communal de Strasbourg, en bordure, serait soumise à une régulation de gibier avec des autorisations spéciales.

« Il faut saisir cette occasion que l’on attend depuis 22 ans, d’autant plus que cela pourrait être le dernier milieu classé réserve naturelle, compte tenu des restrictions budgétaire de l’État. Les fonds de l’Etat pour le budget de fonctionnement sont de 100.000 euros par an, de quoi payer une police d’Etat assermentée qui pourrait dresser des contraventions contre les décharges sauvages, les infractions, aider à l’entretien. Mais encore une fois, cette forêt ne sera pas mise sous cloche, explique Cristel Kohler.

Quoi qu’il en soit, les discussions et des contre-propositions peuvent toujours être émises, L’enquête publique se poursuit jusqu’au 23 février et pourrait, après un vote du Conseil municipal et l’accord de l’État, être mis en place dès le début 2019.