Strasbourg: Et au fait, peut-on jouer de la musique dans l'espace, Thomas Pesquet?
SCIENCES Après la réception par Thomas Pesquet d'un saxophone envoyé dans l'espace par un musicien strasbourgeois, la question s'est invitée au grand Congrès scientifique des enfants, jeudi...
Un saxo pour cadeau. Début mars, Philippe Geiss, compositeur alsacien passionné (et inspiré) de sciences, a réussi à faire parvenir cet instrument de musique à Thomas Pesquet, dans l'espace.
Un présent exceptionnel de 2,4 kg convoyé par un cargo avec l’aide de l’Agence spatiale européenne, après quatre ans d'échanges entre les deux hommes à la même passion.
Dans l’amphithéâtre de la reconnue International Space University (ISU) ce jeudi, Philippe Geiss intervient justement devant 160 écoliers réunis pour parler de la vie dans l’espace, dans le cadre du Congrès scientifique des enfants.
La question curieuse vient finalement d'une jeune élève : « Est-ce qu’on peut jouer de la musique dans l’espace ? ». Saxo en main, Philippe Geiss s'amuse alors à dérouler le fil de l'histoire, jusqu'à la réception du colis, début mars.
« On attend avec impatience qu’il joue ses premières notes », reconnaît ensuite le musicien aux enfants, en pleine visioconférence entre Strasbourg Paris, Toulouse et Lyon, avec quatre astronautes français qui ont aussi voyagé dans l’espace.
Des astronautes souvent mélomanes ou même guitaristes
En tout cas, Thomas Pesquet ne sera pas le premier à jouer de la musique dans la station spatiale internationale (ISS). Si le vide absolu de l’espace ne permet pas la transmission du son, rien ne l’empêche dans l’air reconstitué de l’ISS.
« Notre prédécesseur Jean-Loup Chrétien était monté avec un petit orgue, rappelle Jean-Jacques Favier, le sixième français en orbite autour de la Terre, depuis Illkirch, au sud de Strasbourg. Pendant les heures de loisirs, beaucoup jouent de la musique. » Un morceau de David Bowie a d’ailleurs désormais sa version spatiale.
L’ISS est donc habituée aux mélomanes et aux guitaristes. « Avec moi, j’avais amené beaucoup de classique, et certaines chansons de Maria Callas me rappellent aujourd’hui de fabuleux moments de contemplation de la Terre », complète depuis Paris Claudie Haigneré, la première femme dans l’espace.
Des tests encore à mener par Thomas Pesquet et son saxo
Le saxophone pose plus de questions. « Dans l’espace, il y a un problème avec le diaphragme et la salive, explique Philippe Geiss. Nous avons prévu de faire des tests là-haut. » Le son pourrait aussi y être plus étouffé et un peu plus lent. Reste à tenter de le démontrer.
Mais il n’empêche pas déjà quelques expériences. « Nous écoutions souvent de la musique pour l’émotion, se souvient depuis Toulouse Philippe Perrin, dernier spationaute français dans l’espace, et, un jour, un Russe et un Américain avaient dansé un rock en apesanteur. Ça ouvre tout un panel de mouvements encore à inventer ! »
« Donner un équilibre et apporter en rigueur »
La question de la musique en orbite a en tout cas été abordée par les écoliers de la huitième édition du Congrès scientifique des enfants, lancé par la Cité de l’espace à Toulouse. Pour la première fois à Strasbourg, six classes de cinq écoles ont ainsi planché depuis la fin de l’été sur « la vie dans l’espace » grâce au Jardin des sciences.
« Un groupe a réalisé une affiche sur les cinq sens, pour savoir s’il y avait une altération dans l’espace, donne en exemple Mary-Ambre Carvalho, une des trois doctorants alsaciens en lien avec les élèves. Un autre a fait une présentation sur l’occupation des temps de loisirs, entre échange avec les familles ou devant la coupole. »
Ou encore en musique, donc. Ce qui aurait même des vertus pour les spationautes. Professeur au Conservatoire de Strasbourg, Philippe Geiss enseigne ainsi également auprès des futurs astronautes à l’ISU de Strasbourg. « En plus de leur donner un équilibre, cela peut aussi apporter en rigueur », justifie-t-il.