Alsace: Pourquoi les classes bilangues sont maintenues dans les collèges de la région, malgré la réforme

EDUCATION A l'heure de la rentrée 2016, le rectorat de Strasbourg ne verra pas disparaître les classes bilangues sous l'effet de la réforme des collèges. Un maintien obtenu pour l'enseignement de l'allemand...

Bruno Poussard
La rentrée scolaire 2016 concerne
La rentrée scolaire 2016 concerne — G. VARELA / 20 MINUTES

C’est l’un des deux grands mots d’ordre de cette rentrée. Aux côtés de l’inévitable  sécurité, la fameuse réforme des collèges revient sans cesse. Enseignements interdisciplinaires et place des langues sont ainsi au cœur des discussions. Et sur ce dernier point, l’académie de Strasbourg a un statut particulier.

Là où la réforme appliquée dès les prochains jours prévoit une suppression des classes bilangues (où sont enseignées deux langues étrangères) en 6e, les sections d’Alsace, elles, ne sont pas menacées. Parce qu’elles concernent d’abord une autre langue que l’anglais, ainsi que l’avait annoncé la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem dès janvier dernier.


Dans la continuité de l’enseignement de l’allemand en CP

Dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, l’allemand est en effet largement enseigné dès l’école primaire, et même désormais dès le CP. Ensuite, ces classes bilingues proposées par l’ensemble des collèges alsaciens concernent au secondaire près de 66 % des élèves de 6e (contre 16 % au niveau national). Les inquiétudes préalables de certains pour l’avenir de l’allemand ont donc nécessité des précisions.

« En fait, pour les élèves concernés, on reste dans la continuité de ce qu’ils ont débuté au premier degré », clarifie le délégué académique aux relations internationales et langues vivantes, Philippe Guilbert. Désormais, les autres débuteront quant à eux leur deuxième langue vivante en 5e - et non plus en 4e. En Alsace comme ailleurs, développement du plurilinguisme oblige.

Une carte des langues établie dans l’année pour la diversité

« La notion linguistique est plus importante que dans d’autres académies, elle fait partie de nos spécifités », insiste la rectrice Sophie Béjean. Dans ce cadre, une carte des langues sera notamment élaborée au cours de l’année. Elle vise à effectuer « un état des lieux puis des propositions sans changer ce qui est acquis » dans la région, dixit Philippe Guilbert du rectorat.

Si la pratique de l’allemand est majoritaire, le travail de l’Alsace consiste désormais à proposer une plus grande diversité. Entre une classe bilangue anglais-portugais menacée à Strasbourg, la situation du turc, l’éventuelle création d’autres classes binationales comme l’AbiBac, ou encore la réintroduction possible de l’alsacien comme option facultative au lycée, les pistes sont nombreuses.

Légère augmentation des effectifs

Dans le même temps, l’académie de Strasbourg renforce enfin les classes bilingues (où les élèves étudient d’autres disciplines en langue étrangère), avec 53 classes ou sections de plus en primaire, et 11 collèges supplémentaires impliqués. Des enseignants ont été recrutés, et les voisins allemands sont sollicités pour l’avenir.

Au total, 110 créations de postes sont d’ailleurs dans le même temps recensées, tout juste plus de 20 dans le privé. Ce sont 337.696 jeunes alsaciens qui sont attendus pour cette rentrée scolaire. Une légère augmentation, avec 340 élèves de plus qu’en 2 015. Si de petits ajustements sont prévus, aucune fermeture de classe n’aura lieu.