Migrants: Elle «commence une nouvelle vie» en apprenant le français à l'université de Strasbourg
SOCIETE Elle a fui la Syrie et fait partie du groupe de 25 étudiants réfugiés irakiens et syriens qui suit, depuis lundi des cours de français à l’Université de Strasbourg…
« Ils sont très motivés et volontaires », raconte Liliane Koecher, directrice de l’Institut international d’études françaises (IIEF) à l’université de Strasbourg. L’Institut qui accueille près de 1.000 étudiants en moyenne chaque année s’est mobilisé pour recevoir les premiers étudiants réfugiés irakiens et syriens, une première en France. Jusqu’au mois de mai, ils sont pour l’instant 25 à pouvoir suivre 17 heures de cours de français par semaine. Tout comme les étudiants boursiers, ils bénéficient d’une exonération des droits d’inscription qui peuvent s’élever jusqu’à 2.350 euros.
Faciliter leur intégration
Les cours sont intensifs et visent à favoriser leur intégration. En effet, les étudiants n’apprennent pas seulement le français mais aussi la culture française et le fonctionnement de notre société. « Leur formation sera sanctionnée par un diplôme universitaire (DU) de français de niveau A2 ou B1 », indique Liliane Koecher.
Rema*, une Syrienne âgée de 39 ans, ingénieure et maman de deux enfants est arrivée en France il y a quatre mois et reconnaît avoir de la chance. Elle témoigne : « C’est une nouvelle vie. Connaître la langue française va me permettre d’avoir une vie sociale, de tisser des liens et pourquoi pas trouver un travail », explique-t-elle en anglais et ponctuant son récit de mots en français dès qu’elle le peut.
Un retour en Syrie impossible
Essuyant les premiers bombardements du régime sur son quartier, situé dans la banlieue de Damas, elle a fui la Syrie avec ses deux filles, âgées de cinq et sept ans en passant par le Liban et la Turquie. Arrivée il y a quatre mois en France, elle a pu rejoindre son mari, déjà à Strasbourg depuis un an. « Mon quartier est bouclé. Il n’y a pas de nourriture, pas d’eau, pas de vie. Juste les combattants de l’opposition. Mon pays me manque mais je suis heureuse ici. Je me sens très proche des Français, de leur mode de vie, de leur manière de penser. Mes enfants sont scolarisés à Hautepierre et même s’ils ne parlent pas encore français la maîtresse m’a dit que cela se passait très bien. Ils comprennent. » Depuis elle a fait une demande de droit d’asile et espère bien recevoir prochainement une réponse positive, « pour mieux reconstruire. »
Apprendre le français par tous les moyens
En Syrie, elle était pendant 13 ans ingénieure dans le civil. Arrivée avec ses diplômes, elle espère bien quelques équivalences en France. Et si elle se réjouit des cours dont elle bénéficie, elle n’hésite pas à passer ses soirées à regarder les informations où écouter la radio et d’inviter de nouveaux amis français le week-end, pour que la langue de Molière soit la sienne au plus vite.
*Son nom a été changé à sa demande car elle a encore de la famille en Syrie et elle a peur des représailles.