Alsace: Caritas a accueilli 32.900 personnes en 2013 et alerte sur la précarité énergétique

SOCIETE Les 15 et 16 novembre, Caritas Alsace organise sa quête annuelle dans la région. En 2013, l'association caritative a accueilli 7.000 personnes de plus qu'en 2012...

Floréal Hernandez
La précarité énergétique entraîne des personnes à avoir un «comportement de restriction» en ne chauffant pas tout leur appartement. (Illustration)
La précarité énergétique entraîne des personnes à avoir un «comportement de restriction» en ne chauffant pas tout leur appartement. (Illustration) — G. VARELA / 20 MINUTES

«Nous sommes la voiture-balai de l'aide sociale», lance Laurent Hochart, délégué diocésain Alsace de Caritas. La phrase lourde de sens n'est pas dite pour faire «une punch line». Non, c'est le constat fait par l'association caritative après avoir accueilli 32.900 personnes en 2013. Soit 7.000 de plus qu'en 2012.

«La version optimiste voudrait que c'est parce que l'on fait de mieux en mieux notre travail, sourit Jean-Marie Schiffli, président de Caritas Alsace. J'ai la faiblesse de le croire, mais hélas, c'est qu'il y a de plus en plus de personnes qui sont obligées à fréquenter nos équipes et nos permanences.»

De plus en plus d'impayés de gaz et d'électricité

Avec l'arrivée de l'hiver, Caritas Alsace soulève le problème de la précarité énergétique: «74% des personnes rencontrées par nos équipes sont en situation d'impayés en 2013. Parmi elles, 40% en 2013 déclarent faire face à des impayés de gaz et d'électricité, soit une augmentation de 3% en un an», souligne l'association qui fait partie du réseau du Secours catholique.

>>> L'exemple de Caritas Ariège-Haute-Garonne où la pauvreté gagne aussi du terrain.

«Il y a 15 jours, les agents sont passés pour me couper l'électricité car je n'avais pas réglé mes factures», raconte Françoise, une mère de quatre enfants aidée par l'équipe de Caritas de Rosheim. Elle l'avoue: «Ce n'est pas facile la première fois d'aller à Caritas quand on a l'habitude d'être de l'autre côté.»

Chômage de son mari, opération du dos pour elle, pathologie non reconnue par la sécurité sociale, indemnisations coupées... Dix mois sans revenus l'ont conduite à avoir des impayés. «Aujourd'hui, je pourrai m'en sortir si je n'avais pas mes dettes d'avant», souffle Françoise.

«Autrefois, on disait: On chauffe huit mois par an»

La précarité énergétique pousse certains à couper le chauffage. C'est le cas de Sylvie à Entzheim. «Je me retrouve avec des factures de 450 ou 500 euros tous les deux mois en automne et en hiver, contre 50 euros l'été, explique cette mère de six enfants, locataire d'une maison pourtant bien isolée à Entzheim. Mais avec un petit garçon de deux mois, je me dois de mettre un peu de chauffage.»

En 2013, 32% des ménages faisant face à des impayés d'énergie sont des couples avec enfants en Alsace contre 27% au niveau national. «Autrefois, on disait: on chauffe huit mois par an», rappelle Jean-Marie Schiffli, président de Caritas Alsace. Pour aider ces familles, l'association a mis en place des «chèques électricité» ou donne des bons d'achat de bouteilles de gaz.

Caritas Alsace va ouvrir en janvier 2015 une huitième épicerie solidaire à Molsheim. L'association caritative se dote également d'un espace de loisirs, de vacances et de formation, Air et Vie à Marmoutier, dont l'ouverture au public est prévue en février 2015.