Tour de France: Pourquoi les meilleurs surnoms du monde sont dans le vélo?
CYCLISME Presque tous les grands coureurs du Tour ont eu droit à un surnom resté dans la mémoire collective…
Il y a ceux qu’on connaît, « Le cannibale », « Le Blaireau », et ceux qu’on connaît moins, « Le pape de la cipale », « Trompe la mort », « La puce du Cantal », mais qu’on découvre avec plaisir quand on se rencarde un peu sur le sujet. Les surnoms des grands - et des moins grands - coureurs du Tour ont presque fait plus pour la gloire de leurs détenteurs que leurs exploits à bicyclette. Avec l’aide de Michel Guérin, auteur de Le Héron et le Blaireau, dictionnaire des surnoms dans le cyclisme, 20 Minutes vous explique l’histoire des meilleurs pseudos du vélo.
D’où vient la mode des surnoms ?
« Ça a bien pris dans le vélo car il s’agit d’un sport populaire, comme la boxe d’ailleurs. Ils naissent souvent du peloton lui-même où de l’imagination des journalistes. Il faut savoir qu’Henri Desgranges, le premier directeur du Tour (et journaliste à l’Auto, ndlr) avait donné un surnom à presque tous les participants afin de permettre au public de s’identifier. Puis la tradition s’est perpétuée ».
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C’est quoi la recette d’un bon surnom ?
Option n°1 : le combo animal + provenance géographique
« C’est un alliage qui fonctionne bien, même si c’est une question de mode. Dans les années 30, le bouledogue marchait très bien. Aujourd’hui, je ne suis même pas sûr que les plus jeunes sachent ce que c’est. L’aigle est très répandu. Le premier qu’on a appelé comme ça, c’était le Belge Marcel Kint (« L’aigle noir ») parce qu’il avait un profil assez aquilin et qu’il marchait bien en montagne. Et puis il y a eu Kübler, (« L’aigle d’Aldliswil »), et évidemment Bahamontès (« L’aigle de Tolède ») ».
Nos préférés
Le lion des Flandres. Vaut pour tous les mecs qui brillent sur les classiques à pavés, une valeur sûre
Le bouledogue de Fougères. Pour Albert Bouvet, qu’on appelait également l’homme à la rotule cassée. Il devait être aussi beau à voir sur son vélo que Chris Froome.
L’ogre de Rostock. Les enfants ont peur et c’est normal, on parle de Jan Ullrich. Attention à la concurrence de Dédé Greipel, aka le gorille de Rostock..
Le chamois des Abruzzes. On est ici à l’extrême limite du ringard, une limite depuis dépassée à la vitesse du son par les admirateurs du Requin de Messine, j’ai nommé Vincenzo Nibali
Option n°2 : La référence cinématographique ou historique
« On trouve assez peu de choses liées à la littérature, Par contre, le cinéma a toujours été une source d’inspiration pour incarner les cyclistes. Charles Pélissier, un grand coureur des années 30 très élégant, était surnommé Valentino, comme Rudolph Valentino, qui jouait les séducteurs dans ses films. Pour Mario Cippolini, c’était le Roi Lion, parce que le dessin animé est sorti à ce moment-là. Les grands personnages de l’histoire ont aussi contribué à donner des surnoms assez réussis ».
Nos préférés
Le Machiavel du sprint. Non, Nacer Bouhanni, tu n’es pas concerné. Anthony Roux, par contre…
Richard cœur de lion. Ah Richard, rien que le souvenir de tes cheveux blonds suffit à nous émouvoir…
Spartacus. Ce n’est qu’une association d’idée malheureuse, mais on ne peut s’empêcher d’imaginer Kirk Douglas dans un maillot trek sur les pavés de Cambrai.
Le Tamerlan de la pédale. Apprenez ici que Tamerlan était un lointain successeur de Gengis Khan et qu’il n’avait pas pour habitude de faire des prisonniers, comme Eddy Merckx.
Option n°3 : l’analogie de caractère
« Le blaireau » collait bien à Hinaut et à sa réputation dans le peloton. Le surnom vient de ses équipiers, d’ailleurs, pas de la presse. Il y en a qui ont un rapport avec un exploit ou une chevauchée précise, mais parfois il ne faut pas aller bien loin : « Le tatar fou », par exemple, ça résumait bien le comportement d’Abdoujaparov au sprint ».
Nos préférés
Le vieux Gaulois. Eugène Christophe et les moustaches de la France éternelle, celle de Vercingétorix et de Gergovie.
La méthode. A propos d’Antonin Magne, qui aimait bien que tout soit organisé. Du coup, « The methodist » pour Froome, vous en pensez quoi ?
Le cannibale. Le surnom le plus connu de Merckx, un classique qui match en toutes circonstances.
Chapatte de velours. Notre Robert Chapatte national, avait eu droit au meilleur surnom ever avant même de devenir journaliste.
Est-ce que cette tradition va perdurer ?
« Il est vrai que l’imagination autour des surnoms se tarit un peu ces dernières années. Mais ça vient aussi des coureurs qui sont plus lisses. Un surnom, c’est un grand champion et aussi un personnage. Si les Pinot ou les Bardet n’en ont pas, c’est parce qu’ils n’ont pas fait d’exploits mémorables et qu’ils sont de gentils garçons. Et puis le vélo s’est internationalisé, il faut parfois aller voir du côté du monde anglo-saxon pour trouver. Forcément, ça nous parlera moins, à nous, Français ».