Equipe de France: Jouer l'Allemagne, un gros risque?

FOOTBALL A quelques mois de l'Euro, rencontrer l'équipe la plus forte du monde pourrait remettre en cause les seules certitudes que la France a acquises depuis le mondial 2010…

Bertrand Volpilhac, en Allemagne
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Laurent Blanc lors de sa conférence à Clairefontaine (Yvelines) sur la préparation du match amical Allemagne-France, le 27 février 2012.
Laurent Blanc lors de sa conférence à Clairefontaine (Yvelines) sur la préparation du match amical Allemagne-France, le 27 février 2012. — FRANCK FIFE / AFP

De notre envoyé spécial à Brême,

Chaque fois que la jeune équipe de France estampillée Laurent Blanc s’est frottée à une grosse nation du football mondial, elle s’en est joliment sortie. Face à l’Angleterre (1-2) et au Brésil (1-0), il y a désormais plus d’un an, elle avait même réussi à s’imposer avec une certaine maîtrise. Mais là, le challenge est autrement plus costaud. L’Allemagne, c’est «avec l’Espagne, la meilleure équipe du monde», dixit le sélectionneur de l’équipe de France himself. En se mesurant au favori pour le prochain Euro mercredi à Brême (20h45), les Bleus prennent le risque de remettre en cause les quelques certitudes acquises depuis le renouveau post-Knysna, comme par exemple cette série en cours de 17 matchs sans défaite. Et de repartir du pays de Goethe et d’Harald Schumacher plus groggy que grandis, à quatre mois à peine de l’Euro.

«C’est un super match à jouer, assure pourtant le «Président». Dans le sport, à un moment donné, c’est une nécessité d’affronter les meilleures équipes. C’est ce qu’il y a de plus excitant et c’est le meilleur remède pour progresser. Qu’est-ce qu’on risque? Tout le monde nous voit perdant et prendre une tôlée, si j’ose dire. Ça nous fera prendre conscience des choses à améliorer.» Sauf qu’il y a tout juste deux ans, dans les mêmes circonstances, la France se faisait ridiculiser par l’Espagne (0-2) au Stade de France, dans un match qui, rétrospectivement, pourrait être considéré comme le début du cauchemar sud-africain.

Une valise au bout?

Philippe Mexès, potentiel capitaine de l’équipe de France à l’Euro: «Un match comme celui-là peut nous faire plus de bien que de mal même si le résultat est négatif car on n’a rien à perdre. Que ça se passe bien ou mal, il ne faudra pas faire de bilan, car si l’on gagne 4-0, ça va être l’euphorie, et si on en prend quatre, les gens vont dire que ça ne sert à rien d’aller à l’Euro. C’est se mettre en difficulté.»

Evidemment, il serait exagéré d’affirmer que les Bleus courent vers l’abattoir. Surtout que l’Allemagne, elle aussi, souffre de quelques absents de poids (Schweinsteiger, Götze, Podolski). Mais collectivement, elle a prouvé face aux Pays-Bas (3-0) à l’automne qu’elle était rodée. Ce qui n’est pas le cas de son adversaire, faible offensivement: «Il faut du temps, énormément de temps pour apprivoiser un jeu, justifie Blanc. On n’est pas au niveau des Allemands, à nous de voir si on peut s’y hisser sur un match. J’espère qu’on sera meilleurs (que lors des derniers matchs, face à la Bosnie, les États-Unis et la Belgique), car sinon, il y aura une valise au bout.» Un bagage qu’il serait bien agréable de ne pas avoir à porter pour le grand voyage en Ukraine.