Jean-Michel Badiane, un «bénévole» à la relance

FOOTBALL L'ancien défenseur du PSG tente un retour avec le Paris FC où il joue gratuitement...

Romain Scotto
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Le défenseur du Paris FC Jean-Michel Badiane, lors d'un entraînement au stade Déjérine, à Paris, le 7 décembre 2011 .
Le défenseur du Paris FC Jean-Michel Badiane, lors d'un entraînement au stade Déjérine, à Paris, le 7 décembre 2011 . — V.Wartner/20minutes

Il n’y a pas de traitement de faveur au Paris FC. Même avec son statut d’ancien joueur de L1 et d’international espoir, Jean-Michel Badiane range les buts mobiles comme tout le monde, quand il fait partie de l’équipe des perdants à l’entraînement. Depuis quelques semaines, l’ex-défenseur du PSG s’entraîne à la Porte de Montreuil sous les ordres d’Alain M’Boma, le seul coach qui a accepté de le mettre à l’essai depuis son départ de Sedan, il y a deux ans et demi. Après deux années passées au côté des jeunes du centre de formation du PSG, Badiane a proposé ses services gratuitement au PFC. En échange, «ils doivent (l’aider) à retrouver le plus haut niveau.»

A 28 ans, le défenseur central attend toujours sa première apparition en National pour effacer la déprime des derniers mois. Il faut déjà remonter quatre ans en arrière pour trouver trace de son dernier match officiel. Un an et demi pour son dernier salaire, versé par Pôle Emploi. «Quand il n’y a pas de compétition pendant une deux, trois saisons, on tombe dans une spirale qui n’est pas facile à enrayer. Mais je me bats parce que j’ai confiance en mon football et mes moyens physiques.» L’ancien de l’INF Clairefontaine a surtout dû se battre contre une rumeur le donnant perdu pour le foot. Avec cette étiquette de blessé longue durée «aucun club ne voulait prendre le risque de (le) relancer. A Sedan, certaines personnes faisaient croire que j’étais blessé. Je pense que le but était de se séparer de moi à moindre frais. Puis j’ai compris que cette rumeur prenait de l’ampleur. J’ai dû prouver que j’étais en bonne santé.»

«Coach, sans prétention, j’ai déjà joué la Ligue des champions…»

Depuis une arthroscopie du genou gauche en 2005, son corps ne couine plus. Mais les portes se sont toutes fermées. «Les clubs de L1, L2, mon agent les a tous fait. Ils disaient non. Les clubs de National, ils me disaient on ne vous connait pas.» Le meilleur ami de Jérémie Aliadière se souvient notamment de cet entretien surréaliste dans le bureau d’un coach de National qui lui reprochait de ne jamais avoir joué à ce niveau. «Je l’arrête un moment je lui dis: “coach, sans prétention, j’ai déjà joué la Ligue des champions…” Ah bon? Je vais regarder sur Internet, parce que je ne te connais pas…»

Avant de renouer avec le quotidien d’un club, Badiane a donc profité de son temps libre pour regarder des dizaines de matchs à l’étranger, à Londres, Barcelone ou Madrid. Ces quatre années de chômage technique lui ont aussi permis de tirer certaines leçons sur son milieu. «A Paris, on a beaucoup de soi-disant amis et même si ça m’a arrangé, on s’aperçoit que beaucoup disparaissent quand ça va moins bien.» Sur son compte en banque, quelques zéros se sont aussi envolés si bien qu’à 28 ans, Jean-Michel Badiane est retourné vivre chez ses parents. «Un choix par contrainte» pour celui qui a rejoint l’INF Clairefontaine à 13 ans. «Financièrement, passer de tout à rien, ça reste très compliqué. Un contrat de trois ans au PSG ne met pas à l’abri du besoin. Heureusement que j’ai des parents qui savent que ce n’est pas toujours évident. Ils me soutiennent, comme quand ils venaient me voir sur des terrains pourris où je n’avais même pas envie de jouer.» Voilà pourquoi le stade Charlety a de quoi le faire rêver.