Rugby: Après avoir vaincu le cancer Aaron Cruden doit faire oublier Dan Carter

COUPE DU MONDE Propulsé un peu hasard ouvreur des All-Blacks, Cruden a survécu à un cancer des testicules...

Alexandre Pedro à Auckland
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L'ouvreur de la Nouvelle-Zélande, Aaron Cruden, le 9 octobre 2011 contre l'Argentine.
L'ouvreur de la Nouvelle-Zélande, Aaron Cruden, le 9 octobre 2011 contre l'Argentine. — J.Naegelen / REUTERS

De notre envoyé spécial en Nouvelle-Zélande,

Pour ses vacances, Aaron Cruden avait tout prévu: «Je devrais être actuellement à Los Angeles dans l’une des attractions de Disneyland avec ma copine.» A la place d’une photo avec Mickey, le jeune homme de 22 ans porte les espoirs de plus que quatre millions de Néo-Zélandais avant d’affronter l’Australie pour une place en finale de la Coupe du monde. Carter et Slade blessés, Evans indésirable et McAlister oublié à Toulouse, l’ouvreur des Chiefs de Waikato apparaît comme un choix par défaut. «La semaine dernière encore, il arpentait encore Palmerston North en skate et buvait des bières en nous regardant jouer à la télé», préfère ironiser le sélectionneur Graham Henry.

Malgré les doutes et le poids de l’événement, son entrée contre l’Argentine a rassuré. La presse locale, pas vraiment tendre avec Colin Slade, a été plus élogieuse pour le remplaçant du remplaçant de Dan Carter. Avec six bouts de match chez les Blacks et une demi-saison en Super 15, Cruden a un vécu sportif limité. Mais humainement, il a déjà tout connu.

Son père: «Nous l’avons vu changer»

A commencer par le pire. En 2008, ce grand espoir du rugby doit mettre sa carrière entre parenthèse pour soigner un cancer des testicules. Bilan: ablation d’un testicule et neuf semaines de chimiothérapie. «A 19 ans, tu t’attends à tout sauf à être confronté à la mort. A 19 ans, tu penses que tu peux défier le monde», confie-t-il plus tard  au New Herald Womans Weekly lors d’une de ses très rare interview à ce sujet.

Les épreuves, Cruden connaît pourtant. Elevé à Palmerston North (ville idéale pour réussir son suicide comme l’a affirmé l’acteur John Cleese après un bref séjour), le futur All-Black a aussi contracté la tuberculose à l’adolescence. Selon son père Stu, ses épreuves ont permis à son fils de grandir plus vite que les autres dans sa tête. «Nous l'avons vu changer, assurément. Il est plus mature, il est plus mesuré et il prend désormais chaque opportunité qui se présente à lui.» Et celle qui se profile devant est sans doute la plus belle. Succéder au légendaire Grant Fox comme le numéro 10 qui amènera la Nouvelle-Zélande sur le toit de la planète rugby. Moins fun mais plus marquant qu’une virée en skate dans les rues de Palmerston North.