Tentative de traversée intégrale de l'Arctique en bateau-char à glace

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Premier navigateur à franchir à la voile en 2007 le passage du Nord-Ouest entre Pacifique et Atlantique, Sébastien Roubinet va tenter une nouvelle "première" en 2011: s'attaquer à la traversée intégrale, sur l'eau et la banquise, de l'Arctique entre Alaska et Spitsberg (Norvège).

Le navigateur français avait réussi le passage du Nord-Ouest (près de 10.000 km en quatre mois) avec trois équipiers qui se succédèrent à bord de "Babouche", un petit catamaran de 7,50 m construit par lui-même.

La traversée intégrale de l'océan Arctique (3000 km) se fera de juillet à septembre à bord de "Ti Babouche", un nouveau prototype hybride conçu également par Sébastien. C'est un catamaran de 5 m de long et 2,40 m de large, équipé de deux flotteurs gonflables sur skis, d'un mât et de deux voiles, à la fois bateau, char à glace et traîneau.

Le navigateur de 36 ans sera accompagné de Rodolphe André, 37 ans, autre aventurier familier des voyages extrêmes dans le Grand Nord.

"C'est un défi technologique et sportif, souligne Sébastien Roubinet. En juillet/août, la banquise est en pleine débâcle avec une alternance d'eau et de glace. Il fallait concevoir une embarcation ultra légère, à même de voguer et de glisser sur la glace, poussée par le vent ou tirée comme une grosse pulka."

Ti Babouche pèse 150 kg à vide et 400 kg en charge. Les deux flotteurs sont en kevlar, reliés par un cockpit dont le roof est constitué de panneaux solaires. Le mât et les skis rétractables sont en carbone.

Cette aventure arctique inédite se doublera d'une expédition scientifique concernant la mesure de l'épaisseur de la banquise d'été, dont la fonte s'accélère depuis une trentaine d'année, avec d'importantes conséquences sur l'évolution du climat mondial.

Hervé Le Goff, ingénieur de recherche CNRS au Locéan (laboratoire océanographique et du climat), est le coordinateur scientifique de l'expédition.

"Ti Babouche sera une plate-forme d'observation idéale, dans la distance et la durée. Il sera doté d'un équipement très léger consistant en un sondeur électromagnétique mesurant en continu l'épaisseur de la glace défilant sous le bateau et d'une station météo automatique", explique Le Goff.

Les mesures ainsi relevées "sur le terrain", viendront compléter celles effectuées par le tout nouveau satellite Cryosat II, lancé au printemps dernier et qui sera totalement opérationnel au moment de l'expédition.

Reste que Sébastien et Rodolphe, dont la route doit passer par le pôle Nord géographique, vont devoir affronter un environnement chaotique avec une météo difficilement prévisible.

La banquise n'est pas une lisse patinoire, mais une coquille d'oeuf cassée et morcelée reposant sur l'océan de 3000 m de fond, avec des rivières d'eau glacée et des crêtes de compression de glace de plusieurs mètres de haut qu'il faudra franchir. La neige et des vents souvent violents seront aussi au rendez-vous.

Et "last but not least", il y a aussi le seigneur des lieux, l'ours blanc carnivore qui, en été, trouve de moins en moins de phoques à se mettre sous la dent et qui représente donc un réel danger pour les deux aventuriers qui partiront -sécurité oblige- armés.