Ces buteurs brésiliens que la L1 a laissé filer
FOOT Comment le championnat français n'a pas su exploiter le talent de trois attaquant de la Seleçao...
De notre envoyé spécial à Port-Elizabeth (Afrique du sud),
Pour certains, il faut dépoussiérer un album Panini pour trouver traces de leur visage dans un effectif de L1. Sur les quatre attaquants du Brésil, trois ont pourtant joué au moins une saison dans le championnat de France. Luis Fabiano (à Rennes entre 2000 et 2002), Nilmar (en 2004-2005 à Lyon) puis Grafite (en 2006-2007 au Mans) n'y ont pourtant pas connu la même expérience, avant de ressortir du bois à la Coupe du monde.
Luis Fabiano, trop lent pour Rennes
Les supporters rennais se pincent encore pour le croire. Le buteur titulaire de la Seleçao, successeur de Romario et Ronaldo, est bien un ancien de la maison. L'attaquant n'y a pas laissé beaucoup de souvenirs, si ce n'est celui d'un immense flop. Recruté pour 12 millions d'euros à une époque où le club dépensait sans compter, il a quitté la Bretagne sans jamais avoir marqué (en 12 matchs de L1). Dix ans après, Hervé Guégan, alors entraîneur adjoint de Christian Gourcuff, ne parvient toujours pas à expliquer les difficultés de celui qui n'était alors âgé que de 20 ans. «Je ne sais pas s'il était trop jeune... L'adaptation est toujours difficile. Au niveau des déplacements, ce n'était peut-être pas ce que recherchait le coach.» Le club n'a pas attendu longtemps pour refourguer son attaquant, devenu par la suite la machine à buts du FC Séville. «Quand on investit sur un joueur, il faut des retombées immédiates. A partir du moment où les dirigeants ont eu l'occasion de le recaser, ils l'ont fait.» Les regrets, eux, n'arrivent que bien après.
Nilmar, trop jeune pour Lyon
Quand il voit l'ancien Lyonnais chantonner l'hymne brésilien, Bernard Lacombe oscille entre deux sentiments. De l'affection, d'abord, pour un garçon dont il revendique la découverte à Dubaï, lors des championnats du monde des moins de 20 ans, en 2003. Puis une pointe d'amertume, pour ce buteur précoce, dont l'OL n'a jamais su exploiter le talent. A Lyon, Nilmar n'a réussi que ses débuts. Face à Rennes, le buteur arraché à l'International Porto Alegre réalise un doublé juste après son entrée en jeu. Et puis plus rien en L1. La suite de son aventure lyonnaise se résume à une double rupture des ligaments croisés et un transfert impayé aux Corinthians. «C'était un gamin. On aurait pu être plus patients avec lui, mais la règle du football est celle de l'impatience», regrette aujourd'hui Bernard Lacombe. Pour le conseiller du président Aulas, les choses auraient pourtant pu se passer autrement pour l'attaquant de 19 ans. «Pour moi, ça s'est joué à rien du tout. Une occasion manquée contre Manchester en Ligue des champions. Sur un centre de Malouda, il peut marquer un but. Si c'est le cas, peut-être qu'on l'aurait regardé différemment.» A l'époque, Nilmar est jugé trop jeune, et pas assez mature pour s'imposer dans une équipe qui compte quelques gros bras en attaque. «On n'a pas pu l'empêcher de rentrer chez lui, puisque c'est ce qu'il voulait.» Un bon choix.
Grafite, trop fort pour Le Mans
Révéler chaque année quelques talents pour les vendre à prix fort l'année suivante, c'est une nécessité pour le MUC qui a bien réussi son coup avec Grafite, l'une de ses plus belles affaires (6 millions de plus-value). Cela a aussi permis à un attaquant qui tournait en rond au Brésil de forcer en douceur les portes de l'Europe. A l'époque, Daniel Jeandupeux recrute l'attaquant. Yves Bertucci, alors entraîneur de la réserve du Mans, se souvient d'un «garçon sympathique et à très fort potentiel, même si, le club n'attendait pas autant de lui.» Auteur de 17 buts en une saison et demi, le MUC n'a même pas cherché à retenir son attaquant vedette. «C'était impossible de toute façon, enchaîne Bertucci. Le président a toujours été clair. Il a rendu de gros service au club, il pouvait partir à Wolfsburg. Personnellement, je n'aurais pas imaginé qu'il joue une Coupe du monde quatre ans plus tard.» A 31 ans, Grafite, qui n'a joué que 5 minutes en Afrique du sud pour jusqu'à présent, reste quand même l'une des grosses surprises de la sélection de Dunga, qui a donc préféré des anciens de la L1 à Pato, Ronaldinho et Adriano. Avec succès pour l'instant.