Villa, le matador qui fait chavirer l'Espagne

FOOT L'attaquant espagnol s'affirme comme l'un des meilleurs joueurs de la Coupe du monde...

Romain Scotto, au Cap
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L'attaquant de l'équipe d'Espagne, David Villa, buteur lors d'un 8e de finale de Coupe du monde contre le Portugal, le 29 juin 2010 au Cap (Afrique du sud).
L'attaquant de l'équipe d'Espagne, David Villa, buteur lors d'un 8e de finale de Coupe du monde contre le Portugal, le 29 juin 2010 au Cap (Afrique du sud). — R.Candia/Sipa

De notre envoyé spécial au Cap (Afrique du sud),

Sacoche Louis Vuitton sous le bras, mèche gominée et diamants bien  ajustés, David Villa parade mardi soir. Cela n’a rien d’étonnant, depuis  le début de la Coupe du monde, tout le monde se l’arrache. L'ex-joueur  de Valence n’a pas attendu le coup de mou de Fernando Torres pour  s’octroyer le statut de star de la «Roja». Meilleur buteur du dernier  Euro, Villa pourrait bien remettre ça cette année s’il parvient à  franchir encore les trois dernières marches de la Coupe du monde, avec  cette équipe d’Espagne.

Pour cela, le buteur au physique râblé sait déjà comment s’y prendre.  Avant de penser à marquer contre le Paraguay, samedi en quart de finale,  il entend d’abord prendre un peu de bon temps. «Un morceau de tortilla,  quelques tranches de jambon avec (ses) coéquipiers, et ça ira. C’est  bien de passer un moment agréable ensemble, surtout quand on gagne. On  pensera un peu plus tard au prochain match.» Rien ne semble bien  compliqué dans la vie de David Villa. Encore moins quand on lui colle un  ballon dans les pattes.

L'anti-Ronaldo

Ceux qui le suivent depuis ses débuts racontent l’histoire d’un gamin  contraint de jouer du pied gauche après une fracture de la jambe droite.  Un garçon talentueux, mais aussi réfléchi. Courtisé depuis plusieurs  saisons par les grands clubs, il a attendu cinq ans avant de quitter  Valence, en mai dernier. Celui qui portera à la rentrée le maillot du  Barça renvoie enfin l’image d’un garçon attaché à sa région natale, les  Asturies, dont le drapeau orne souvent ses chaussures.

Au fil des matchs de ce Mondial, David «Maravilla» honore le surnom que  lui ont donné les médias («la merveille», en espagnol). Son 42e but en  sélection le rapproche un peu plus de Raul, le recordman de la Roja  (44). Un destin logique pour un joueur qui accepte de s’excentrer sur  une aile, tout en restant efficace, altruiste, et solide dans les duels.  L’anti-Ronaldo, sur le match de mardi, finalement. «Jouer à gauche me convient bien,  confiait-il après la victoire face au Portugal. Je ne suis pas habitué à  cette position, mais mes coéquipiers me permettent d’y être à l’aise.»  Même Fernando Torres, paraît-il. Son «ami» ne marque pas, «mais il  épuise physiquement les adversaires et cela profite aux autres joueurs  de l’équipe», s’agace le buteur espagnol.

Avocat de la Roja

Dans sa bouche, la notion de collectif prime en permanence. Villa  s’épanouit dans cette équipe au jeu à une touche, tout en mouvements et  enchaînements de passes. «Je ne peux pas demander plus… Je ne sais pas  si c’est psychologique mais quand tu as le ballon, tu es plus content.  Vous pouvez me croire, avec notre style de jeu, celui qui courre après  le ballon se fatigue bien plus vite que celui qui le fait courir»,  clame-t-il en réponse à ceux qui reprochent à son équipe de faire primer  l’esthétique sur le réalisme (Cinq buts en quatre matchs depuis le  début du tournoi). Avec Del Bosque et Puyol, il fait partie de ceux qui  défendent avec le plus d'ardeurs les préceptes de la Roja. La preuve que  même en dehors du terrain, Villa est à louer.