Coupe du monde: l'audition de Domenech et Escalettes racontée par les députés

FOOTBALL La réunion a duré près de deux heures...

M. Go. avec AFP
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Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes auditionnés devant l'Assemblée, le 30 juin 2010.
Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes auditionnés devant l'Assemblée, le 30 juin 2010. — B.GUAY/AFP

Après Roselyne Bachelot mardi soir, Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes ont répondu aux questions des députés de la Commission des affaires culturelles. En ne révélant rien d'important. «Raymond Domenech est resté sur  l'anecdote, sur le détail. Sans aborder  frontalement les problèmes de fond qui ont amené cette équipe à se faire  éliminer dans ces conditions», analyse Patrick Bloche, membre socialiste de la commission. Les 70 députés présents attendaient pourtant beaucoup de ces auditions. Première déception: le huis clos demandé par la FFF qui a énervé  plusieurs participants. (voir ci-dessous)

Deuxième déception: le fond des débats. Car malgré les attentes de certains, Raymond Domenech n'est pas venu pour s'excuser. Il assume tout. L'anecdotique comme le fait d'avoir refusé de serrer la main à Carlos Alberto Parreira, le sélectionneur   sud-africain, un geste qui a choqué de nombreux élus. «C'est mon  caractère. Si c'était à refaire, je le referais», déclare l'ancien  sélectionneur. Mais aussi l'essentiel comme son manque d'autorité. Sans jamais nommer un de ses joueurs, le sélectionneur revient ainsi sur  les injures dans les vestiaires en contestant les mots rapportés par L'Equipe, mais surtout en regrettant que cette scène  ait été médiatisée. «On avait l'impression que le coupable est celui qui a raconté la scène aux journalistes», confie un député.

Distance et ironie

Pendant près de deux heures, Domenech parle aux députés comme il a pris l'habitude de répondre aux journalistes. De façon distante, ironique et cinglante. Une style qui n'occulte pas son manque d'autorité sur le groupe. Sur l'épisode de la grève: «Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse? Que j'appelle les forces de police?» Sur la Marseillaise non chantée: «Il fallait que je leur mette un pistolet sur la tempe pour les forcer à chanter? Si je leur imposais de chanter, je n'avais plus que quatre joueurs à l'arrivée.» Interrogé par le député socialiste Patrick Roy sur le  salaire des  sélectionneurs, Domenech lance: «Je suis le smicard des   sélectionneurs.»

Reconnaissant son impuissance lors du fiasco, Jean-Pierre Escalettes apparaît plus humain à de nombreux élus qui ont rencontré un «homme  marqué qui a servi de fusible face à 23 enfants gâtés». Le professeur  d'anglais à la retraite  a ainsi regretté d'avoir reconduit Domenech en  2008. Au bout d'1h45 d'échanges parfois vifs, la  présidente de la commission,  Michèle Tabarot, demande aux députés de  rester assis, le temps que  Domenech et Escalettes partent par une petite  porte dont certains  députés ne connaissaient même pas l'existence. Une  façon d'éviter les  journalistes.

Une séance triste

Les élus se sont  ensuite exprimés à la sortie de la salle Lamartine. «C'est une séance un peu triste qui  a révélé de nombreux dysfonctionnement de gouvernance et de management dans les  messages à adresser à cette équipe, a déclaré à l'AFP Jean-François Copé, chef du groupe UMP à l'Assemblée. Je n'ai pas  compris pourquoi Raymond Domenech n'a pas serré la main de l'entraîneur de  l'Afrique du Sud. Je suis très attaché à ce qu'il n'y ait aucune ingérence dans  la vie des Fédérations sportives. Le rôle des politiques en revanche c'est de  s'assurer (...) que le maillot bleu soit honoré et pas déshonoré. A partir du  moment où il l'a été, je crois que c'est bien que l'on ait un débat.»

Car finalement, plus que sur le fond de la débâcle sud-africaine, les députés continuent à s'interroger et à être interrogés sur la pertinence de ces auditions. «Personnellement je n'ai rien  appris. Mais du moment qu'il y a des  conséquences en terme d'image internationale et nationale, ça fait  partie de notre boulot d'avoir des éclairages», a expliqué Renaud  Muselier, député UMP.