Coupe du monde: l'audition de Domenech et Escalettes racontée par les députés
FOOTBALL La réunion a duré près de deux heures...
Après Roselyne Bachelot mardi soir, Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes ont répondu aux questions des députés de la Commission des affaires culturelles. En ne révélant rien d'important. «Raymond Domenech est resté sur l'anecdote, sur le détail. Sans aborder frontalement les problèmes de fond qui ont amené cette équipe à se faire éliminer dans ces conditions», analyse Patrick Bloche, membre socialiste de la commission. Les 70 députés présents attendaient pourtant beaucoup de ces auditions. Première déception: le huis clos demandé par la FFF qui a énervé plusieurs participants. (voir ci-dessous)
Deuxième déception: le fond des débats. Car malgré les attentes de certains, Raymond Domenech n'est pas venu pour s'excuser. Il assume tout. L'anecdotique comme le fait d'avoir refusé de serrer la main à Carlos Alberto Parreira, le sélectionneur sud-africain, un geste qui a choqué de nombreux élus. «C'est mon caractère. Si c'était à refaire, je le referais», déclare l'ancien sélectionneur. Mais aussi l'essentiel comme son manque d'autorité. Sans jamais nommer un de ses joueurs, le sélectionneur revient ainsi sur les injures dans les vestiaires en contestant les mots rapportés par L'Equipe, mais surtout en regrettant que cette scène ait été médiatisée. «On avait l'impression que le coupable est celui qui a raconté la scène aux journalistes», confie un député.
Distance et ironie
Pendant près de deux heures, Domenech parle aux députés comme il a pris l'habitude de répondre aux journalistes. De façon distante, ironique et cinglante. Une style qui n'occulte pas son manque d'autorité sur le groupe. Sur l'épisode de la grève: «Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse? Que j'appelle les forces de police?» Sur la Marseillaise non chantée: «Il fallait que je leur mette un pistolet sur la tempe pour les forcer à chanter? Si je leur imposais de chanter, je n'avais plus que quatre joueurs à l'arrivée.» Interrogé par le député socialiste Patrick Roy sur le salaire des sélectionneurs, Domenech lance: «Je suis le smicard des sélectionneurs.»
Reconnaissant son impuissance lors du fiasco, Jean-Pierre Escalettes apparaît plus humain à de nombreux élus qui ont rencontré un «homme marqué qui a servi de fusible face à 23 enfants gâtés». Le professeur d'anglais à la retraite a ainsi regretté d'avoir reconduit Domenech en 2008. Au bout d'1h45 d'échanges parfois vifs, la présidente de la commission, Michèle Tabarot, demande aux députés de rester assis, le temps que Domenech et Escalettes partent par une petite porte dont certains députés ne connaissaient même pas l'existence. Une façon d'éviter les journalistes.
Une séance triste
Les élus se sont ensuite exprimés à la sortie de la salle Lamartine. «C'est une séance un peu triste qui a révélé de nombreux dysfonctionnement de gouvernance et de management dans les messages à adresser à cette équipe, a déclaré à l'AFP Jean-François Copé, chef du groupe UMP à l'Assemblée. Je n'ai pas compris pourquoi Raymond Domenech n'a pas serré la main de l'entraîneur de l'Afrique du Sud. Je suis très attaché à ce qu'il n'y ait aucune ingérence dans la vie des Fédérations sportives. Le rôle des politiques en revanche c'est de s'assurer (...) que le maillot bleu soit honoré et pas déshonoré. A partir du moment où il l'a été, je crois que c'est bien que l'on ait un débat.»
Car finalement, plus que sur le fond de la débâcle sud-africaine, les députés continuent à s'interroger et à être interrogés sur la pertinence de ces auditions. «Personnellement je n'ai rien appris. Mais du moment qu'il y a des conséquences en terme d'image internationale et nationale, ça fait partie de notre boulot d'avoir des éclairages», a expliqué Renaud Muselier, député UMP.
Tardy interdit de Twitter
Frustré par le huis clos, Lionel Tardy, élu UMP a raconté la séance sur Twitter, reprenant les questions des députés et certaines réponses, comme celle de Jean-Pierre Escalettes racontant la grève des joueurs: «Dans le bus j'ai été confronté à un mur jamais vu au cours de mes 50 ans dans le foot.» Quelques minutes plus tard, le député est interdit de Twitter, comme un garnement à l'école.