L’Espagne et le juste milieu
Comme tous les deux ans, lorsque juin et les phases finales se profilent, l’Espagne se demande si son heure est enfin venue. Pour lever la malédiction estivale, le pays compte sur un milieu séduisant avec Xavi et Cesc Fabregas dans l’axe, Iniesta et David Silva s’occupant d’animer les côtés. Balle au pied, la bande des quatre ne craint pas grand monde. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Xavi, Iniesta et Fabregas sortent tous du centre de formation du FC Barcelone, où l’on privilégie les techniciens de poche aux athlètes footballeurs. Avec son 1m80, Fabregas fait presque figure de géant dans cette ligne.
Lors de la dernière Coupe du Monde, l’entrejeu espagnol a émerveillé en phase de poule avant de s’effriter face à la densité physique française en huitième de finale. A l’époque, le sélectionneur Luis Aragones regrette de ne pas «avoir un monstre comme Vieira» pour franchir un cap avec sa jeune équipe.
Trouver un chien de garde
A l’époque, joueur de complément, Cesc Fabregas est devenu le leader naturel de sa sélection. Cependant, ses prestations sous le maillot espagnol ne rivalisent pas toujours avec celles qu’il aligne à Arsenal. Un point de vu que ne partage pas Luis Aragones: «Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que Cesc se donne plus à Arsenal qu’il ne le fait avec nous. Jusqu’à présent, il a été bon avec la sélection».
S’il a pris du muscle, Fabregas n’a toujours rien d’un Vieira. Milieu tout terrain capable de créer, de récupérer et de marquer, Fabregas doit trouver en sélection son Mathieu Flamini. Un chien de garde, qui sait compenser ses montées. Brillant manieur de ballon, Xavi est en concurrence à ce poste de récupérateur devant la défense avec le Brésilien d’origine Marco Senna, plus travailleur et doté comme le Catalan d’une énorme frappe de balle. Aragones peut aussi choisir de muscler son milieu en alignant les deux ou en incorporant Xabi Alonso de Liverpool. Le choix ne manque pas.
Sur les ailes, le virevoltant David Silva de Valence et le Barcelonais Andres Iniesta partent favoris. On est loin de la puissance d’un Florent Malouda ou de l’abattage de Mauro Camoranesi, mais à défaut de trouver ses monstres, Luis Aragonés espère que la technique et l’inspiration pourront avoir le dernier mot, cette fois-ci.