#20MINUIT. Courir de nuit, un moyen d'«aller se chercher»
FOULEES NOCTURNES Pendant que t'es dans ton canap' à regarder des séries, il enchaîne les bornes en pleine nuit...
20 Minutes est partenaire de la Conférence nationale de la vie nocturne qui se tient à Paris, jeudi et vendredi. A cette occasion, nous avons décidé de nous intéresser aux activités, pratiques, modes de consommation liés à la nuit.
Il est minuit trente, dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 septembre. Zak a déjà 30 minutes de retard. Le jeune homme, dont c’est l’anniversaire, vient d’avoir 31 ans. Alors que d’autres seraient dans leur bar préféré à enchaîner les pintes, lui enfile son short et ses chaussures de course et claque la porte du domicile familial à Bondy (Seine-Saint-Denis).
Direction le canal de l’Ourcq pour commencer son année par une session course à pied de 10 kilomètres (à 4 minutes du kilomètre, 4 comme 4 septembre).
Profiter de la ville privée de son effervescence
Une sortie nocturne qui n’est pas une première. Mais pourquoi courir quand on peut rester dans son lit à regarder des séries ? Courir la nuit, c’est d’abord « profiter d’une température plus agréable et éviter le trafic. La journée, tu dois esquiver les gens, les poussettes, c’est difficile de se concentrer sur ton chrono », confie Zak, qui explique aussi courir parfois la journée « avec des potes ».
Comme certains de ses confrères qui courent la journée, ce prévisionniste des ventes dans l’industrie des cosmétiques y trouve le moyen « d’évacuer sa journée ». Mais aller courir le soir, quitte à empiéter sur ses heures de sommeil, a un goût particulier. La nuit, Zak « se retrouve ». Et il se retrouve seul. Le long du canal, il n’a jamais croisé d’autres runneurs de son espèce. Un moment privilégié qui lui permet de se « concentrer sur lui ».
« Quand Paris est endormi, privé de son effervescence alors que je suis en activité, je vois la ville différemment. Je peux m’approprier les rues, les espaces, aller où je veux sans avoir à réfléchir. Je peux ouvrir les bras et courir sans m’arrêter ». Pas de parcours prédéterminé pour le jeune homme qui peut sillonner la ville au gré de ses envies. Le plus léger possible, il embarque ses clefs et sa carte bleue, « au cas où il lui arriverait une tuile ».
« Aller se chercher »
Même s’il a du mal à mettre des mots sur ce que lui procure cette activité nocturne, il reconnaît volontiers que c’est « plus dur de se motiver quand il est minuit ou une heure du matin. T’as la tentation d’aller te coucher, tu te demandes pourquoi tu vas te faire chier à aller courir ».
Mais c’est ce qu’il aime, ce qui lui donne le sentiment de se dépasser, l’esprit concentré sur ses performances. « Je sors de mes habitudes, de ma zone de confort. J’ai la sensation de pratiquer plus intensément mon sport. Je vais me chercher. Au départ j’y vais un peu à tâtons mais je claque la porte et c’est parti. »
Petit dormeur, Zak finit tout de même par aller se coucher pour une courte nuit d’à peine cinq heures. Les endorphines secrétées pendant sa course ? « Je me douche et m’endors direct ». Rideau.