Badminton: «Au début, on se dit que le crowdfunding ça fait un peu mendiant», explique Brice Leverdez

BADMINTON Le numéro 1 français cherche de nouvelles sources de financement…

Propos recueillis par Romain Baheux
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Le badiste français Brice Leverdez lors d'un tournoi en Inde le 22 mai 2014.
Le badiste français Brice Leverdez lors d'un tournoi en Inde le 22 mai 2014. — Tsering Topgyal/AP/SIPA

Si vous trouvez 15.000 euros au coin de la rue, Brice Leverdez est preneur. Si c’est moins, ça ira aussi. Numéro 1 français de badminton, il a lancé lundi une opération de crowdfunding en ligne pour financer sa préparation pour les Jeux olympiques de Rio en 2016. Une manière de diversifier ses revenus dans un sport en mal de sponsors.

Comment vous est venue l’idée de lancer un financement participatif ?

Cela fait plusieurs années que je recherche des sponsors mais je n'ai trouvé personne en dehors de mon équipementier. C’est compliqué, ils ne connaissent pas ce sport. On me donne juste une réponse laconique, toujours la même: «Merci pour votre proposition mais notre budget est déjà utilisé». Un titre olympique ou mondial me permettrait d’attirer plus de partenaires.

Avez-vous hésité à le lancer?

On se dit que l’on fait un peu le mendiant mais ça reste un projet sympathique. Les gens peuvent avoir un retour selon le montant investi avec le système de récompenses. C’est un moyen pour eux de faire partie du projet. Pour y parvenir, j'ai besoin de collecter 15.000 euros. Si dans deux ans je fais une médaille aux JO de Rio, ils pourront dire qu’ils ont aidé Brice Leverdez à y arriver.



Financièrement, comment est votre quotidien?

Un bon mois, ça peut monter à 4.000 euros. Un mois sans tournoi, je suis à 2.500 euros. Ça paraît beaucoup mais il y a beaucoup de dépenses dans ce sport. La fédé ne prend pas en charge tous les tournois. Quand j'en ai un au Brésil, je monte rapidement à 2.000 euros en comptant tout.

Quels sont vos besoins particuliers?

L'argent est essentiellement investi pour les déplacements et pour le staff médical. J’ai besoin d’un ostéopathe et ça n’est pas remboursé. Parfois, je me prends un préparateur physique avant les grosses échéances et c'est une dépense supplémentaire. Je ne veux pas critiquer la fédération mais je cherche à me professionnaliser encore plus pour viser quelque chose aux Jeux.

C'est un souci commun à l'ensemble du circuit?

Avec les autres joueurs européens, on parle de ces problèmes d’argent. Tu es obligé de te débrouiller autrement. Par exemple, on prend des appartements ensemble pour faire des économies sur les tournois à l'étranger.