Sotchi 2014: Marie Bochet, le nouveau visage du sport paralympique français

JEUX PARALYMPIQUES La skieuse d’Albertville a signé un triplé historique en Russie…

Julien Laloye
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Marie Bochet, le 111 mars 2014 à Sotchi.
Marie Bochet, le 111 mars 2014 à Sotchi. — Dmitry Lovetsky

Remballez le biathlon, Martin Fourcade, et ses deux médailles d’or à Sotchi. La plus grande athlète olympique de l’année pour la France s’appelle Marie Bochet, 20 ans, déjà trois titres aux Jeux paralympiques en ski (descente, Super G, super-combiné), en attendant le Géant dimanche.

L’exploit est énorme. «On a du mal à s’en rendre compte, mais il suffit de comparer avec les valides, s’enthousiasme Michaël Charrière, entraîneur des filles en ski alpin. On pensait secrètement qu’elle ferait une ou deux médailles, mais elle à une telle maturité… elle fait exactement ce qu’il faut à l’entraînement depuis qu’elle s’est rendu compte de son potentiel.»

«C’est une fille qui sait ce qu’elle veut depuis longtemps»

Le dit potentiel ne s’est pas révélé un beau matin au levé. Il est évident depuis 2006, quand la jeune fille intégrait le club handisport d’Albertville, puis le pôle France de la Fédération de ski et la section ski du lycée Jean-Moulin d’Albertville, où aucun handicapé n’avait jamais été admis. «C’est une fille qui sait ce qu’elle veut, confie Clara Direz, sa meilleure amie, elle-même espoir du ski français chez les valides. Elle est très organisée. Après Vancouver, d'où elle était rentrée sans médailles, elle s’est énervée et s’est investie comme jamais, notamment dans la préparation physique.»

Son handicap, au fait? Une malformation du bras gauche, qu’elle ne remarque même plus. «C’est la première à en plaisanter, raconte Direz. Après un effort, elle dit souvent "ça m’a coûté un bras", des blagues comme ça.» De toute façon, cela ne change rien dans la façon de skier de Bochet. «La but, cela a toujours été de se rapprocher au maximum de la technique des valides, confirme son coach. Une prothèse lui permet de compenser son manque de poids sur le côté gauche, mais après on est sur les mêmes repères.»

Pas tout à fait le même impact médiatique, en revanche, même si on s’en approche doucement. «Marie a déjà reçu pas mal de demandes d’interviews, elle profitera un peu de cette notoriété naissante en rentrant, mais les médias ce n’est pas trop son truc.»

«Si ses médailles peuvent susciter des vocations»

Son truc en effet, c’est plutôt de retourner dans le refuge de ses parents dans le Beaufortin, où elle adore partir seule pour de longues marches. «C’est comme ça qu’elle se ressource, explique Direz. J’espère que ses titres ne vont pas la changer (rires). Mais ce n’est pas son genre.»

Il lui faudra pourtant forcer sa nature, maintenant que le sport paralympique tricolore a trouvé sa tête de pont: avec une délégation squelettique de quinze athlètes en Russie, la France n’a pas encore réussi le pari de lier handicap et sport de haut niveau. «J’ai déjà eu quelques personnes intéressées depuis les exploits de Marie, avance Charrière. Si ses médailles peuvent susciter quelques vocations, on ne dit pas non.» L’exemple à suivre est tentant.