Marion Rolland au sommet de la descente

SKI La Française est devenue championne du monde à Schladming...

Romain Scotto
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La skieuse française Marion Rolland, lors de sa victoire en descente au championnat du monde de Schladming, en Autriche, le 10 février 2013.
La skieuse française Marion Rolland, lors de sa victoire en descente au championnat du monde de Schladming, en Autriche, le 10 février 2013. — REUTERS

A ceux qui doutent encore des capacités de Marion Rolland à tenir plus de trois secondes sur ses skis, la Française peut désormais envoyer une cassette de la course de Schladming. Trois ans après sa gamelle à Vancouver, juste après s’être extirpée de la cahute de départ, la descendeuse française a prouvé qu’elle pouvait parfois aller jusqu’en bas, et même rafler un titre mondial. A 30 ans, celle qui ne comptait jusque-là que deux podiums en Coupe du monde (mais pas de victoire) a surpris tout le monde sur une piste verglacée et technique où il y avait une place à prendre en l’absence de Lindsay Vonn. 47 ans après Marielle Goitschel, la dernière Française sacrée dans la discipline reine, elle devance l'Italienne Fanchini et l'Allemande Riesch pour offrir à la France sa troisième médaille des Mondiaux (après l’argent De Teissière et le bronze de Poisson).

«On connaît ses qualités, son potentiel, mais on ne sait jamais à quel moment elle va se hisser au niveau des meilleures», analyse Jean-Philippe Vuillet, le directeur des équipes de France féminines, qui évoque avec tendresse le cas de cette championne du monde de l’entraînement. Pour lui, la nouvelle reine de la descente a toujours eu du mal à assumer un statut de patronne. Trop souvent trahie par son physique ou sa tête.

«Je suis un unijambiste paraplégique manchot. Je peux battre Marion Rolland»

Depuis 2009, Marion Rolland travaille pourtant avec un préparateur mental, capable de «la faire progresser sur ses points forts.» En dehors des pistes, c’est une jeune femme timide qui parle de son sport et son passé. Meurtrie aussi quand remontent à la surface les images des derniers JO. «Du coup, on n’en parle pas du tout, avoue Vuillet. C’était très, très douloureux pour elle. Elle a quand même mis six mois à s’en remettre physiquement. Et mentalement, ce n’était pas évident non plus.»

Aujourd’hui, elle assure avoir effacé le souvenir de ce gadin digne des Bronzés font du ski et repris à l’époque sur tous les réseaux sociaux. En quelques secondes, elle est devenue la cible d’une communauté forcément ingrate. Les groupes «Pour que Marion Rolland passe sa première étoile avant les JO 2014» ou «Je suis un unijambiste paraplégique manchot. Je peux battre Marion Rolland» comptent encore des centaines de membres. Dans quelques jours, ceux-ci ne pèseront peut-être pas lourd à côté de «Marion Rolland, une revancharde sur le toit du monde.»