Cameron s'excuse pour le drame du stade d'Hillsborough en 1989
FOOTBALL Causant la mort de 89 supporters...
Le Premier ministre britannique, David Cameron, s'est déclaré mercredi «profondément désolé» des erreurs commises par les autorités avant et après la catastrophe du stade d'Hillsborough, où un mouvement de foule a fait 96 morts en 1989.
David Cameron s'est exprimé devant le Parlement à l'occasion de la publication du rapport de la commission indépendante mise sur pied en 2010. Le document montre que la police a tenté de faire porter la responsabilité sur les supporters pour masquer son échec à prévenir ce drame.
Des dizaines de supporters, jeunes pour la plupart, étaient morts écrasés contre les barrières d'une tribune où ils étaient entassés dans ce stade situé à Sheffield, dans le nord de l'Angleterre, pour une demi-finale de la Cup entre Liverpool et Notthingham Forest. Les images de corps gisant sur la pelouse et de spectateurs utilisant les panneaux publicitaires comme brancards de fortune avaient choqué l'Angleterre.
Le visage des stades anglais en a été changé définitivement, les spectateurs étant désormais accueillis dans des enceintes modernes ultra-sécurisées, où toutes les places sont assises.
Le rapport rendu public après deux années d'enquête sur les 96 décès survenus ce 15 avril 1989, reproche à la police d'avoir à la fois échoué à empêcher le drame en laissant les supporters de Liverpool entrer dans une tribune déjà bondée et tenté de leur faire porter la responsabilité de l'accident.
Dans les rapports sur la tragédie, les autorités avaient mis en accusation des supporters jugés agressifs, sous l'emprise de l'alcool et dépourvus de billets.
Le porte-parole de Margaret Thatcher, alors Premier ministre, avait lui-même alimenté cette thèse et provoqué la colère des familles en parlant d'une «foule de soûlards».
«DOUBLE INJUSTICE»
«La tragédie n'aurait jamais dû arriver», écrivent les auteurs du rapport.
«La réponse à la catastrophe a donné lieu à des échecs opérationnels patents et il y a ensuite eu des tentatives de faire porter la responsabilité sur les supporters.» Des responsables de la police ont ainsi édulcoré les témoignages des hommes présents au stade, dit le document. Leur réaction a en outre souffert de failles et de désorganisation. Le rapport souligne que les autorités étaient avant tout inquiètes de prévenir tout débordement des supporters de Liverpool, précédés d'une réputation sulfureuse depuis le drame du Heysel, stade belge où des affrontements avec des fans de la Juventus Turin avaient entraîné la mort de 39 personnes - dont 33 dans le public italien - en 1985.
Le hooliganisme n'étant pas en cause à Hillsborough, le risque résidait d'abord dans la faiblesse du dispositif d'urgence en cas d'accident et dans la structure du stade, loin de remplir les conditions de sécurité requises, dit le rapport.
La capacité de l'enceinte avait été surévaluée et de précédents accidents avaient été occultés.
Les plaies d'Hillsborough sont encore vives à Liverpool, ville d'un demi-million d'habitants dont beaucoup sont des inconditionnels de football. «Il est anormal que les familles aient dû attendre si longtemps - et se battre si dur - simplement pour obtenir la vérité», a dit David Cameron. «Et il est anormal que la police ait modifié les rapports sur ce qui s'était passé et tenté d'accuser les supporters.» «Au nom du gouvernement, et ainsi de notre pays, je suis profondément désolé pour cette double injustice qu'il a fallu tant de temps pour réparer.»