Réforme des retraites : « La foule » n’a « pas de légitimité » face « au peuple qui s'exprime à travers ses élus », dit Macron
CONTESTATION Revivez avec nous les déclarations des différentes personnalités politiques et les différentes actions syndicales du mardi 21 mars 2023
L’ESSENTIEL
- La réforme des retraites a été définitivement adoptée. Lundi, après le rejet des deux motions de censure (à neuf voix près), le gouvernement d’Élisabeth Borne a sauvé les meubles. La première, initiée par le groupe indépendant Liot avec le soutien de la gauche, a recueilli 278 voix sur les 287 nécessaires pour faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne. Le vote n’avait jamais été aussi serré depuis une motion de censure déposée contre celui de Pierre Bérégovoy en 1992. Le deuxième texte, à l’initiative du RN, n’a recueilli que 94 voix.
- La demande de référendum d’initiative partagée (RIC), initiée par la gauche pour contester la réforme des retraites, a été soumise lundi au Conseil constitutionnel, a indiqué l’institution qui va d’abord en examiner la recevabilité. Quelque 250 parlementaires, députés et sénateurs principalement de gauche, l’ont déposée, alors que la réforme vient d’être adoptée au Parlement.
- « Rien n’entame la détermination des travailleurs », écrit la CGT dans un communiqué lundi soir. « Rien n’entame la détermination des travailleurs, privés d’emplois, jeunes et retraités à rejeter (…) la réforme des retraites que tout le monde, sans exception, juge injustifiée, injuste et brutale », poursuit le deuxième syndicat français. La CGT appelle à « amplifier les mobilisations », et à « participer massivement aux grèves reconductibles et aux manifestations », le jeudi 23 mars « et après, si nécessaire ». L’intersyndicale a appelé la semaine dernière à une nouvelle journée de grèves et de manifestation, la neuvième, le jeudi 23 mars.
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A Paris, un rassemblement organisé à l’origine par des syndicats en début de soirée place de la République, s’est transformé en face-à-face tendu entre quelques centaines de manifestants et des forces de l’ordre qui ont échangé jets de projectile et grenades lacrymogènes.
Selon une source policière, « les organisateurs ont quitté les lieux mais un groupe d’individus a jeté des projectiles en direction des pompiers puis a ensuite tenté de s’élancer en cortège sauvage avant d’être empêché par les forces de l’ordre ».
Celles-ci ont procédé à plusieurs charges en noyant sous un nuage de gaz lacrymogène la place de la République quadrillée à ses extrémités par des unités de police et de gendarmerie en charge du maintien de l’ordre.
La station de métro République était fermée vers 21h30, du fait de la présence « de gaz lacrymogènes dans la station », selon des agents RATP. Les forces de l’ordre ont procédé à 11 interpellations, selon une source policière.
Face à l’aggravation des tensions d’approvisionnement en essence dans les Bouches-du-Rhône, onze stations-service du département seront réquisitionnées de mercredi à vendredi matin, pour assurer exclusivement le ravitaillement de certains véhicules « prioritaires », a annoncé mardi la préfecture de police.
« Ces stations-service (…) sont réquisitionnées pour une durée de 48 heures à compter de mercredi à 6 heures, aux fins d’approvisionnement en carburant des véhicules des professions prioritaires », peut-on lire dans un arrêté publié mardi soir.
Plusieurs milliers de personnes ont participé mardi soir à Nantes et à Rennes à des manifestations aux flambeaux pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement, ont constaté des journalistes de l’AFP.
A Nantes, les 10.000 manifestants selon les syndicats, 4.100 selon la police, qui portaient pour certains d’entre eux des torches, scandaient notamment : « Carrières hachées, retraites à chier ! ». A Rennes, 4.000 personnes dont une partie portaient des flambeaux selon les organisateurs, 1.200 selon la préfecture, ont déambulé dans le centre-ville dans le calme.
Emmanuel Macron a prévenu mardi soir que « la foule » qui manifeste contre la réforme des retraites n’avait « pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus », selon un participant à une réunion avec les parlementaires de son camp à l’Elysée.
Promettant de défendre « l’ordre démocratique et républicain », le chef de l’Etat a martelé, après l’adoption par le Parlement de son texte via l’article 49.3 de la Constitution : « l’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple ».
Emmanuel Macron a estimé mardi soir devant les parlementaires de son camp qu’il fallait « apaiser » et « écouter la colère » des Français après l’adoption contestée de sa réforme des retraites par le Parlement, ont rapporté des participants à cette réunion à l’Elysée.
« Utiliser la Constitution pour faire passer une réforme est toujours une bonne chose si on veut être respectueux de nos institutions », a dit le président pour justifier le recours au 49.3 décrié par les opposants à son texte, assurant qu’il n’y avait « pas de majorité alternative ». Il a promis « d'avancer » sur « la santé, l’école et l’écologie », tout en organisant « la société du plein emploi ».
L’ancien Premier ministre met en garde contre la tentation de « l’immobilisme » après la réforme des retraites, et prône à nouveau une coalition pour « élargir » la majorité relative, avec des Républicains (LR) et « des élus de gauche qui ne se retrouvent pas dans la Nupes ».
« Certains voudront apaiser sous une forme radicale-socialiste sympathique, ne pas provoquer, ne pas avancer, ou faire semblant de protéger les Français des défis du monde avec des lignes Maginot qui sont des lignes imaginaires ». Mais « après les retraites, l’immobilisme n’est pas une option, c’est la garantie du déclassement », estime Édouard Philippe dans un entretien au Figaro.
L’ancien chef du premier gouvernement Macron justifie l’emploi du 49.3 car, malgré « l’engagement exceptionnel » d’Élisabeth Borne et « le travail exigeant » des leaders LR du Sénat Gérard Larcher et Bruno Retailleau, « tout le monde n’a pas joué le jeu » au sein du parti de droite.
Le président du groupe Horizons, à l’aile droite de la majorité, appelle à une « introspection » dans la coalition gouvernementale, dans une interview donnée à notre journaliste politique Rachel Garrat-Valcarcel.
Après de nouvelles manifestations spontanées souvent émaillées de tensions lundi soir, la contestation se poursuit un peu partout en France.
Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées en début de soirée mardi place de la République, déterminées à « maintenir la pression ». Plus tôt dans l’après-midi, une manifestation avait rassemblé plusieurs centaines d’étudiants opposés à la réforme.
A Lille, ils étaient aussi plusieurs centaines à nouveau réunis vers 19 heures place de la République. « Grèves, blocages, manifs sauvages ! », « Manu, ta réforme, 49.3 ou pas on n’en veut pas » scandaient les manifestants qui se dirigeaient vers le sud de la ville.
Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux montre un policier qui assène un coup de poing au visage d’un manifestant à Paris. Le préfet de police, qui a reconnu que le geste paraissait sur les images « inadapté », a indiqué avoir demandé l’ouverture d’une enquête administrative pour établir le déroulé des faits. Le parquet de Paris a indiqué en fin de journée qu’une enquête préliminaire avait été confiée mardi à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices.
La Défenseure des droits, qui se dit « préoccupée » et « inquiète », a alerté mardi sur les conséquences d’interpellations préventives synonymes de privation de liberté et rappelé les règles de déontologie dans le maintien de l’ordre, lors des manifestations contre la réforme des retraites.
« La Défenseure des droits alerte sur les conséquences d’interpellations qui seraient préventives de personnes aux abords des manifestations (…) Cette pratique peut induire un risque de recourir à des mesures privatives de liberté de manière disproportionnée et de favoriser les tensions », indique dans un communiqué Claire Hédon, Défenseure des droits.
Elle se dit « préoccupée par les vidéos circulant sur les réseaux sociaux, de nombreux articles (…), témoignages et saisines reçus par l’institution sur de possibles manquements déontologiques dans le maintien de l’ordre au cours des évènements des jours derniers ». Claire Hédon souligne « que le respect des règles de déontologie est essentiel pour apaiser les tensions et favoriser la confiance entre la police et la population ».
Un jeune militant LFI a dénoncé, mardi, son interpellation « arbitraire » lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, lundi soir à Dijon, qui lui vaudra d’être jugé fin octobre.
« Il fallait des coupables. On m’a dit que j’allais payer pour les dégradations », a affirmé à l’AFP Alinoë Gentaz, qui a eu 24 ans lundi, le jour où il a été interpellé lors de la manifestation non déclarée dans le centre de Dijon, marquée par des heurts avec les forces de l’ordre. « Je n’ai pas cassé », a-t-il assuré. « C’est une interpellation éminemment politique, arbitraire », a ajouté le militant LFI.
Interpellé lundi vers 20h40, il est poursuivi pour « participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser par une personne dissimulant volontairement son visage afin de ne pas être identifié », a indiqué à l’AFP le procureur de la République, Olivier Caracotch. Il doit être jugé le 31 octobre.
Depuis que les manifestations se sont enchaînées contre la réforme des retraites, il y a deux mois, « plus de 300 policiers et gendarmes ont été blessés », a affirmé le ministre de l’Intérieur. Il a évoqué le cas de deux blessés graves, l’un, le jour même à Fos-sur-Mer, qui a eu une fracture de la malléole et l’autre, blessé à la mâchoire. Il n’a pas donné d’indication de lieu et de date concernant ce blessé.
Les députés de la Nupes d’un côté, ceux du RN de l’autre, ont déposé mardi, auprès du Conseil constitutionnel, des recours contre la réforme des retraites adoptée la veille par le Parlement. Pour les 150 députés de gauche, le gouvernement a, sans nécessité « urgente », utilisé et « détourné » l’article 47-1 de la Constitution sur l’examen des budgets de la Sécu.
Cela a eu pour effet de « priver les assemblées de l’étude d’impact » du projet de loi et de « réduire de manière drastique les débats » parlementaires, avancent les élus PS, LFI, PCF et EELV, auxquels se sont joints une poignée d’indépendants du groupe Liot. Selon eux, la réforme ne « relevait pas du champ d’une loi de financement rectificative » de la Sécu. Ils estiment enfin que la réforme, repoussant l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, « porte atteinte » à la « République sociale » évoquée par l’article 1er de la Constitution.
Les sénateurs de gauche doivent quant à eux déposer leur propre recours.
Moitié privé, moitié public, le système historique de collecte des déchets à Paris est mis à mal par la grève contre la réforme des retraites, les arrondissements gérés par les agents de la mairie étant plus touchés que les autres.
En temps normal, c’est un équilibre parfait : les services municipaux assurent la collecte dans la moitié des arrondissements, tandis qu’une poignée d’opérateurs privés se partagent l’autre moitié.
« Je ne participerai pas à éteindre le feu » de la contestation contre la réforme des retraites, a prévenu mardi Marine Le Pen lors d’un entretien à l’AFP, en estimant qu’Emmanuel Macron est « le seul qui a les clés d’une crise politique qu’il a créée lui-même ».
Selon la patronne du groupe RN à l’Assemblée, Emmanuel Macron a « fait le choix de donner une seconde gifle au peuple français » après l’adoption au 49.3 de la réforme des retraites, « en disant : "Ecoutez, voilà, tout ce qui s’est passé va entraîner rien. Rien. Ni dissolution, ni remaniement, ni retrait de la loi, rien, on va continuer comme si de rien n’était" ».
Gérald Darmanin a annoncé mardi que « 12.000 policiers et gendarmes » seraient mobilisés jeudi en France dont 5.000 à Paris pour la nouvelle journée d’action intersyndicale contre la réforme contestée des retraites.
Venu apporter son « soutien » aux membres des forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur les a appelés à « ne pas répondre aux provocations de l’extrême gauche » qui, selon lui, cherche « à déstabiliser l’Etat ».
La réponse en vidéo :
La SNCF prévoit pour mercredi un trafic assez stable sur les grandes lignes, les TER et en Ile-de-France. SNCF Voyageurs prévoit de maintenir mercredi 4 TGV sur 5, 6 Intercités sur 10 et 2 TER sur 3, mais aucun train de nuit ne roulera, a indiqué un porte-parole à l’AFP mardi.
Sur le réseau ferroviaire francilien, la circulation des trains restera perturbée, la ligne la plus affectée étant toujours la partie SNCF du RER B (au nord) avec 1 trains sur 2.
La direction prévoit de faire rouler 2 trains sur 3 en moyenne sur le RER C et les lignes J, L, et U, et 3 trains sur 5 sur le RER D et la ligne R.
Les trois quarts des trains programmés seront maintenus sur le RER E ainsi que sur les lignes N et P, et 80 % sur la H.
Toujours en Ile-de-France, la RATP prévoit un trafic normal sauf sur sa partie du RER B (au sud) avec 2 trains sur 3.
A Reims, la permanence parlementaire du député Horizons (majorité présidentielle) de la Marne Xavier Albertini a par ailleurs été taguée dans la nuit de lundi à mardi, a indiqué l’élu, confirmant une information du quotidien l’Union. « Casseur social », ont notamment inscrit les auteurs sur toute la largeur d’un des volets roulants, près d’un grand « A » cerclé rouge, en référence au mouvement anarchiste, selon une photographie transmise par le député. « J’ai signalé ces faits dès que j’en ai eu connaissance. La police est venue faire des relevés. Je condamne évidemment ces faits » car « même si le débat peut être rude, rien ne justifie qu’on s’attaque à des permanences, à des biens ou du mobilier », a commenté Xavier Albertini.
Si aucune ligne ne sera totalement fermée, le trafic sera « fortement perturbé » dans le métro sauf pour les lignes 1 et 14, et il manquera un RER A et B sur deux jeudi.
A l'origine, le député LFI Andy Kerbrat interpellait le ministre de l'Intérieur sur les témoignages de violences sexuelles commises par un policier lors d'un contrôle d'une manifestante. La réponse de Gérald Darmanin, qui quittera la tribune sans un mot pour la victime, est lunaire.
La Première ministre en remet une couche sur le « compromis » d’un texte établi « par les parlementaires » qui « assure l’avenir de notre système de retraite », quand Bertrand Pancher, président du groupe LIOT, lui demande si elle a bien conscience de l’opposition à son gouvernement et à la réforme vu le résultat de la motion de censure.
Les signalements de violences policières dans le cadre des dernières soirées feront l’objet d’enquêtes, assure la Première ministre, qui défend toutefois l’action globale des forces de l’ordre et évoque plutôt des cas individuels.
L’ancien socialiste évoque d’ailleurs les réformes Tourraine et El-Khomry. C’est dur mais ça joue.
La Première ministre « rend hommage aux forces de l'ordre » et remet la charge sur l'opposition qui a « bloqué » les débats à l'Assemblée face à Cyrielle Châtelain, présidente du groupe écologiste.
Près de 54 % des stations-service des Bouches-du-Rhône manquaient d’un type de carburant, et 41 % sont à sec mardi, selon des données publiques. Les pénuries touchent particulièrement le Gard et le Vaucluse, où les préfectures ont décidé de limiter les ventes de carburants jusqu’à jeudi inclus. Au niveau national, environ 12 % des stations-service de France sont à court d’essence ou de gazole et 6 % à sec. Dans les trois raffineries de TotalEnergies, sur les 298 opérateurs postés mardi matin, 36 % sont en grève, selon la direction.
Les entrées du centre technique communautaire (Cetco) du Havre, qui gère ordures ménagères et eaux usées, sont toujours bloquées mardi matin, ainsi que le port et la zone industrielle, dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites. Environ soixante-dix grévistes de plusieurs syndicats et plusieurs secteurs ont allumé des feux de palettes au petit matin devant le bâtiment pour protester contre cette réforme adoptée la veille au Parlement, faisant valoir la pénibilité de leurs métiers.
« On maintient le combat, on est là et on sera là jusqu’à ce que mort s’ensuive », assure Guillaume Legent, secrétaire général CGT du site. « La vie est très chère, on est très peu payé », a-t-il ajouté, « mais il ne faut pas oublier que même si on est considéré comme des chiens, un chien affamé est beaucoup plus combatif qu’un chien qui a le ventre bien rempli ».
Devant les grèves reconductibles et les rassemblements quotidiens, Anne Hidalgo a décidé d’activer la cellule de crise de la Ville de Paris, réunissant chaque jour ses adjoints, les maires d’arrondissements et le Secrétaire de la Ville. « La cellule de crise permettra également d’identifier et de prioriser les actions à engager et de prendre les décisions qui s’imposent afin d’assurer la continuité des services publics pour les Parisiennes et les Parisiens et les en informer en temps réel », précise un communiqué de presse. La maire de Paris réitère par ailleurs son opposition à la réforme des retraites.
Fluides et imprévisibles, les jeunes opposés à la réforme des retraites ont déployé à Paris de nouvelles tactiques d’actions collectives de rue, inspirées des Hongkongais lors de la révolte populaire dans cette région semi-autonome chinoise. « On est + be water + (soyez de l’eau) comme à Hong Kong… Enfin, on essaie de l’être », explique Romain dans une ruelle des Halles, la police aux trousses, lundi soir. « On doit renouveler nos actions, pour maintenir la pression », glisse cet étudiant.
Ils marchent rapidement, sont parfois par grappe de dizaines, parfois en bloc, dans une énième action non déclarée ; Beauvau en a recensé 1.200 depuis jeudi. Mais la masse évolue « comme de l’eau » : sitôt les forces de l’ordre à proximité, elle s’éclate en une nuée de mini-groupes qui ralentissent le pas une fois hors de portée de matraques, et se reforment en bloc quelques pâtés d’immeubles plus loin.
Lundi soir, outre la fluidité et l’absence de caillassage de vitrines ou d’abribus, les manifestants ont appliqué une autre technique : joncher les rues d’obstacles pour entraver la progression motorisée des forces de l’ordre. Velib, poubelles, palettes de bois ont servi à dresser des barricades de fortune, parfois incendiées. Ailleurs, comme dans le Marais ou devant le Louvre, des barricades plus élaborées avec des barrières de chantier bloquent le passage sur plusieurs dizaines de mètres. « L’architecture de Paris n’est pas propice à l’insurrection, c’est conçu pour », souligne Flora, en référence aux larges artères haussmanniennes. « Donc on s’adapte. »
L’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaires (Udes) a estimé mardi que la France connaissait « une grave crise de la démocratie sociale » à la suite de l’adoption de la réforme des retraites sans vote. « Il y a un vrai problème de méthode. On est dans une grave crise de la démocratie sociale », a déclaré lors d’une conférence de presse le président de l’Udes Hugues Vidor.
« Il y a eu quelque part une forme de déni de la démocratie sociale, on voulait le dire en tant qu’organisation patronale », a-t-il souligné. L’Udes réunit 23 groupements et syndicats d’employeurs (associations, mutuelles ou coopératives) qui totalisent plus de 30.000 entreprises employant près d’un million de salariés.
« Plus de 1.200 » manifestations non déclarées, « parfois violentes », se sont déroulées sur tout le territoire depuis jeudi, date de l’utilisation du 49.3 pour adopter la réforme contestée des retraites, a dénoncé mardi Gérald Darmanin. Apportant dans un communiqué son « total soutien » aux forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur a affirmé que « 94 agents » avaient été blessés depuis jeudi et annoncé qu’il se rendrait dans l’après-midi au « chevet des policiers blessés à Paris ».
Gérald Darmanin a fait valoir que les forces de l’ordre avaient fait face « à une multiplicité d’actions non déclarées (plus de 1.200) souvent violentes tels que des tentatives d’incendie de sous-préfectures et préfectures, des atteintes à des hôtels de ville ou des permanences parlementaires, des blocages d’axes de communication ».
Les grévistes font reculer les CRS.
Le préfet de police Laurent Nuñez a affirmé mardi qu’il n’y avait « pas d’interpellations injustifiées » à Paris dans le cadre de la mobilisation contre l’emploi du 49.3 pour faire adopter la réforme contestée des retraites. « Il n’y a pas d’interpellations injustifiées, je ne peux pas laisser dire ça », a déclaré M. Nuñez sur BFMTV, alors que syndicats d’avocats, de magistrats et des politiques de gauche ont dénoncé des gardes à vue « arbitraires ». Sur 292 gardes à vues prononcées jeudi soir, 283 ont ainsi été classées sans suite.
« On interpelle pour des infractions qui, à nos yeux, sont constituées » et, une fois le placement en garde à vue décidé par un officier de police judiciaire (OPJ), « nous avons 48 heures pour essayer de matérialiser l’infraction, c’est court », a insisté le préfet de police. « Quand on arrive au bout des 48 heures, parfois on n’a pas caractérisé l’infraction, on est dans un Etat de droit, c’est heureux et à ce moment-là, il n’y a pas de poursuites », a poursuivi Laurent Nuñez.
Selon plusieurs participants à une réunion à l’Elysée, Emmanuel Macron n’a l’intention ni de dissoudre l’Assemblée, ni de remanier le gouvernement, ni convoquer de référendum suite à l’échec de la motion de censure contre la réforme des retraites. Selon l’un de ces participants, le chef de l’Etat a demandé à ses troupes de faire « d’ici deux à trois semaines maximum » des « propositions » en vue d’un « changement de méthode et d’agenda des réformes ».
Les présidents des Républicains ont refusé mardi d’exclure du parti les 19 députés qui ont soutenu la veille la motion de censure contre le gouvernement d’Elisabeth Borne, Eric Ciotti reconnaissant « une épreuve et un échec ». « Je respecte les positions de chacun de mes collègues. Je ne peux pas leur en vouloir », a affirmé sur BFM et RMC Olivier Marleix, président du groupe à l’Assemblée nationale.
Les responsables des Républicains avaient appelé à ne pas voter la motion de censure déposée par les députés indépendants Liot, refusant de vouloir « rajouter du chaos au chaos » dans la bataille des retraites en faisant tomber le gouvernement. Mais, au final, 19 députés LR sur 61 ont voté le texte, soit près d’un tiers des troupes du parti à l’Assemblée nationale.
Olivier Marleix a assuré « comprendre parfaitement » que les 19 députés « n’aient pas eu envie d’assumer une réforme qui a été malgré tout portée par Emmanuel Macron ». « Nous sommes des députés d’opposition et chacun exerce son mandat et vote en responsabilité. Je n’ai pas à leur jeter la pierre », a insisté le député, refusant de s’en prendre nommément à Aurélien Pradié qui a voté la censure.
« Tu sais que les Français sont vraiment en colère quand ils brûlent les baguettes. »
L’accès à la centrale nucléaire du Bugey (Ain) est bloqué mardi matin par les salariés s’opposant à la réforme des retraites, a-t-on appris de sources concordantes. Les grévistes, entre 300 et 400 selon le secrétaire du CSE Christophe Paul (CGT), laissent passer seulement le personnel d’astreinte dédié aux activités liées à la sûreté. La direction de la communication a confirmé le blocage, sans donner de chiffre, insistant sur le fait que « le respect de la sûreté des installations » était assuré.
« C’est la première fois qu’on bloque l’accès au site de l’extérieur depuis le mouvement contre la réforme des retraites », précise Christophe Paul. Selon le responsable syndical, l’action mardi n’affecte pas la production de la centrale, qui emploie 1.200 salariés et 600 sous-traitants.
Dans la région lyonnaise, par ailleurs, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) a cessé depuis lundi les expéditions. D’après Jeff Vapillon, syndicaliste FO et salarié du site, le préavis est maintenu et les cuves de stockages sont proches d’être remplies, ce qui pourrait entraîner un arrêt de la production dans l’après-midi.
« Au lendemain du passage en force de la loi sur la réforme des retraites », la section locale FO Territoriaux de Marseille appelle « au blocage du tunnel Saint-Charles du boulevard d’Athènes » aujourd’hui à partir de 15 heures, selon un communiqué de presse transmis à 20 Minutes.
« La honte. » « Vive la grève générale. » A coups de story Instagram, de tweets ou carrément dans le titre de leur live, de nombreux streamers ont ouvertement pris position contre la réforme des retraites et fait part de leur colère après l’échec de la motion de censure hier. Dans la soirée, devant près de 20.000 spectateurs, le streamer Antoine Daniel n’a pas hésité à mettre en avant la caisse de grève de la CGT, tandis que Billy alias RebeuDeter confiait « Je me demande ce qu’il nous reste de démocratique dans ce pays ».
La permanence du parti Les Républicains a été vandalisée lundi soir lors d’une manifestation contre l’adoption de la réforme des retraites après le recours à l’article 49.3 de la Constitution, a-t-on appris mardi auprès du parti et de la préfecture. « Ils ont pris des poubelles et explosé notre devanture », explique Jean-Marc Albert, secrétaire départemental adjoint du parti. « Puis ils ont déversé plein de choses dans la permanence », a-t-il ajouté, précisant qu’une plainte doit être déposée mardi.
Selon la préfecture de la Somme, 480 personnes se sont rassemblées lundi soir à Amiens avant de déambuler dans le centre-ville. « Un groupe d’individus hostiles a pris pour cible la permanence LR et malgré l’intervention de la BAC (brigades anticriminalité) et l’usage de gaz lacrymogènes, la vitrine a été brisée », indique la préfecture. Une personne a été interpellée.
Après la réunion de crise à l’Elysée, la Première ministre n’en a pas fini avec les entretiens. Selon une note de son cabinet à 20 Minutes, elle doit recevoir les groupes Renaissance, MoDem puis Horizons à l’Assemblée dans la matinée, avant un déjeuner de travail avec son gouvernement.
Insultes après un tir de LBD, gazage intense qui provoque l’évanouissement d’une personne asthmatique, ou coup de poing gratuit… Les images de violences policières commises en marge des rassemblements contre la réforme de retraite se multiplient sur Twitter. Depuis hier, plusieurs députés de gauche relaient ces images et interpellent directement Gérald Darmanin voire le préfet de Paris Laurent Nunez.
La CGT Energie (FNME-CGT) a promis mardi de nouvelles «coupures ciblées» dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites, au lendemain de son adoption au Parlement.
«On ira encore aussi vers des coupures, des coupures ciblées, ce qu'on appelle nous la sobriété énergétique, parce que ça, en soi, c'est s'attaquer au capital, à ceux qui nous gouvernent, à ceux qui sont pour la loi», a déclaré le secrétaire général de la FNME-CGT, Sébastien Menesplier, lors d'une visite mardi matin sur le piquet de grève de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord). «On va leur montrer qu'on est mobilisés et qu'on est déterminés», a-t-il ajouté. «La colère est grande».
Petite précision juridique du jour : les rassemblements spontanés qui ont lieu depuis plusieurs jours dans de nombreuses villes ne sont pas des manifestations illégales, même si elles n’ont pas été déclarées en préfecture.
En Bretagne, comme lundi matin, le trafic routier était perturbé par plusieurs blocages en raison de « manifestations sociales », selon Bison Futé, notamment sur le périphérique rennais et nantais, ou encore à Laval, Vannes et Brest.
A Rennes, il y a « des difficultés de circulation en cours sur la rocade et ses abords », a indiqué sur Twitter la préfecture d’Ille-et-Vilaine, qui conseille aux automobilistes « d’éviter le secteur ». Par ailleurs, le dépôt de bus de la métropole rennaise est bloqué et la circulation n’est pas assurée sur plusieurs lignes.
Le dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, est toujours occupé ce matin par des manifestants opposés à la réforme des retraites. « Le dépôt est toujours bloqué, il y a une dizaine de camions qui attendent. On est une cinquantaine » de manifestants de la CGT et de Force ouvrière (FO), a déclaré à l’AFP Céline Cussac, responsable syndicale FO présente sur place.
« Potentiellement on pourrait être délogé aujourd’hui » par les forces de l’ordre, a-t-elle ajouté alors que le dépôt est bloqué depuis lundi matin. Mais, au lendemain du rejet de la motion de censure et de l’adoption de la réforme contestée des retraites, les manifestants « étaient plus déterminés que jamais », a-t-elle assuré. Selon le site de TotalEnergies, ce dépôt, proche de Rennes, « approvisionne l’Ouest en essence sans plomb 95 et 98, en gazole et en fioul domestique ».
Réunion de crise numéro 6829 depuis la semaine dernière. Elisabeth Borne, qui a sauvé sa tête de peu hier, plusieurs ministres dont Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, ainsi que les chefs de la majorité sont chez le président.
D'intenses perturbations en cours sur les voies rapides de Toulouse, après l’installation, à l’appel de l’intersyndicale, d’un barrage dans la zone aéroportuaire, du côté de Colomiers.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a assuré mardi qu’Élisabeth Borne avait été « confortée » par le Parlement après le rejet des deux motions de censure la veille à l’Assemblée nationale, et s’est dit convaincu que les oppositions ne peuvent diriger le pays « ensemble ».
« La Première ministre s’était engagée à remettre sa responsabilité devant le Parlement et elle a été de cette manière-là confortée par le Parlement », a affirmé Olivier Véran au micro de RTL. « La Première ministre est la seule, et notre majorité est la seule, à pouvoir porter aujourd’hui un projet de gouvernement », a-t-il assuré.
Près de 300 personnes (287), dont 234 à Paris, ont été interpellées lundi soir en France lors de manifestations contre l’adoption de la réforme des retraites après le recours au 49.3, a-t-on appris mardi de source policière. A Paris, où les manifestants par petits groupes mobiles ont déambulé dans les arrondissements du centre en brûlant poubelles, vélos et divers objets. Les sapeurs-pompiers sont intervenus 240 fois, selon cette source policière.
Le ministère de la Transition énergétique a annoncé mardi la réquisition de « trois salariés par relève » au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer « face à l’aggravation des tensions d’approvisionnement dans les Bouches-du-Rhône ».
« La réquisition est valable pendant quarante-huit heures en tant que de besoin, à compter du 21 mars » et concerne « des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt » qui approvisionne la région PACA et l’Est de la région Occitanie en carburants, a précisé le ministère dans un communiqué.
« Je vous confirme que la préfète de police a pris un arrêté de réquisition pour le personnel strictement nécessaire à la sécurité du site, le destockage du carburant et le chargement des expeditions, indique la préfecture des Bouches-du-Rhône à 20 Minutes. Elle a pris par ailleurs un arrêté interdisant la vente à emporter en jerrycan. »
Très attendu après l'adoption au forceps de sa réforme des retraites, Emmanuel Macron s'exprimera sur les chaînes TF1 et France 2 mercredi lors d'une interview en direct à 13 heures, a annoncé mardi l'Élysée. Le chef de l'État répondra aux questions des journalistes Julian Bugier et Marie-Sophie Lacarrau, ont précisé les chaînes.
Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue sur ce nouveau live. Au programme d’aujourd’hui avec 20 Minutes, réactions et actions des politiques et des syndicats. Ce midi, le président Emmanuel Macron reçoit les patrons des groupes de la majorité à l’Assemblée.