Réforme des retraites à Rennes : « Il m’a frappée, m’a tiré les cheveux »… Le comportement violent d'un policier dénoncé

Violences Une observatrice et une journaliste indépendante ont été victimes de violences de la part d’un policier en marge de la manifestation contre la réforme des retraites mercredi

Camille Allain
Une observatrice et une journaliste ont été victimes de violences de la part d'un policier en marge de la manifestation contre la réforme des retraites le 15 mars à Rennes.
Une observatrice et une journaliste ont été victimes de violences de la part d'un policier en marge de la manifestation contre la réforme des retraites le 15 mars à Rennes. — Capture d'écran AB7 Média
  • Deux jeunes femmes qui filmaient la manifestation contre la réforme des retraites à Rennes ont été violentées par un policier.
  • La vidéo de l’intervention de l’homme chargé du maintien de l’ordre a été très relayée sur les réseaux sociaux.
  • La journaliste et l’observatrice n’envisagent pas de porter plainte pour l’heure.

Les images ont été vues des centaines de milliers de fois. Elles ont été partagées et repartagées, souvent pour dénoncer l’usage abusif de la force par la police lors des manifestations. Sur cette vidéo tournée ce jeudi lors de la manifestation à Rennes, on voit clairement un policier s’en prendre à une femme alors que cette dernière est au milieu de la rue de Saint-Malo. L’homme en uniforme lui assène un coup de matraque dans les jambes avant de lui arracher le masque et les lunettes qu’elle porte pour se protéger des gaz lacrymogènes.

Le policier se dirige ensuite vers une autre femme qui filme la scène. La journaliste recule mais le policier insiste pour lui arracher ses lunettes. Si la scène a été tant relayée, c’est qu’elle interroge clairement sur l’usage inapproprié de la force par ce policier. « On était seules dans la rue, on ne faisait rien d’autre que filmer. Il n’y avait personne derrière nous, pas de danger », assure Ema.


La jeune femme se présente comme « observatrice indépendante ». Munie de son téléphone, elle suit les manifestations pour « observer les pratiques policières » depuis cinq mois. C’est la première fois qu’elle est victime de violences. « Quand il s’est avancé vers moi, il m’a frappée, il m’a tiré les cheveux pour me prendre mon matériel. S’il m’avait demandé d’enlever mes lunettes, je l’aurais fait. J’ai eu l’impression qu’il voulait passer ses nerfs », explique la jeune femme, qui poursuit : « je ne suis pas blessée, je n’ai qu’un gros bleu. Mais je suis choquée, j’ai la trouille de reprendre un coup de matraque. »

La scène s’est déroulée dans l’après-midi, alors que des groupes de manifestants s’étaient introduits dans le centre historique de Rennes, dans la foulée de la manifestation contre la réforme des retraites. Plusieurs incidents ont émaillé la journée, notamment l’agression de deux agents de sécurité du nouvel hôtel Mama Shelter.

« L’utilisation de la force doit être maîtrisée »

Apolline, elle, est journaliste pour AB7 Média, qu’elle présente comme « indépendant et engagé au plus près des luttes sociales ». C’est elle qui a filmé la scène. « On marchait tranquillement, on était loin d’eux, loin de la scène, on était que toutes les deux, isolées », se défend la jeune femme. Habituée à couvrir les mouvements sociaux, elle n’est pas surprise d’avoir essuyé ce qu’elle considère comme « une intimidation ». « Frapper, ça fait mal, ça fait peur. Les policiers sont là pour assurer le maintien de l’ordre, pas pour faire mal. Peu importe que je sois journaliste ou pas, ils n’ont pas à agir comme cela, ce n’est pas leur cadre professionnel ».

L’homme en question est un policier de la compagnie départementale d’intervention (CDI) de Rennes. Son usage de la force était-il nécessaire à ce moment de la manifestation ? « Je n’ai pas eu connaissance des images. Dans le cadre du maintien de l’ordre, l’utilisation de la force doit être maîtrisée. Si les faits révèlent un usage disproportionné, il y aura des sanctions », a assuré jeudi soir le préfet Emmanuel Berthier. 

De son côcté, Apolline sait déjà qu’elle ne portera pas plainte, pas plus qu’elle ne signalera les faits à l’IGPN. « Parce que ça n’aboutit à rien de porter plainte ». Ema explique, quant à elle, qu’elle va « y réfléchir ». « S’il y a des plaintes, il y aura des enquêtes et des réponses seront apportées », assure le procureur de la République Philippe Astruc.