Définition : D’où vient l’expression « jouer l’Arlésienne » ?
Français Si elle se fait rare, cette expression n’en est pas moins intrigante. Retour sur sa signification et ses origines littéraires
- « Jouer l’Arlésienne » signifie « occuper les esprits sans jamais se montrer ».
- Cette locution puise ses racines dans l’œuvre d’Alphonse Daudet.
- Elle sert aussi à désigner un type de personnage en dramaturgie.
Une Arlésienne, c’est une femme qui habite à Arles. Jusque-là, rien de très compliqué. En ce cas, comment un gentilé s’est-il mué en expression ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que ça veut dire, « jouer l’Arlésienne » ? On fait le point en quelques lignes.
Une œuvre de fiction
Une fois n’est pas coutume, inutile d’aller chercher dans l’argot provençal ou l’Histoire de France pour décrypter cette locution. En lieu et place, il suffit de revenir en 1866, lorsque l’écrivain Alphonse Daudet publie une nouvelle titrée… L’Arlésienne. Cette tragédie connaît un beau succès et, trois ans plus tard, Daudet en fait une pièce de théâtre en collaboration avec le musicien Georges Bizet (oui, le même qui a composé l’opéra Carmen). Quant à l’Arlésienne qui donne son titre à l’œuvre, on ne l’y rencontre nulle part. Elle est au cœur du récit, évoquée sans cesse par l’ensemble des personnages, mais elle n’apparaît jamais.
Du papier à l’expression
De fil en aiguille, une Arlésienne est devenue l’archétype d’un personnage dont il est sans arrêt question dans un récit sans qu’il n’y apparaisse. Un exemple connu est celui du fameux Godot d’En attendant Godot de Samuel Beckett : on l’attend, mais il ne vient jamais. Plus récemment, on peut citer John Connor dans le premier Terminator de James Cameron : le film repose sur lui sans qu’il n’en fasse partie. Peu à peu, le terme s’est étendu au langage courant. Ainsi, une Arlésienne est quelqu’un dont tout le monde parle ou que tout le monde attend, mais qui se fait discret ou demeure absent (et c’est ce qu’on entend par « jouer l’Arlésienne »).