Définition : Le pléonasme, qu’est-ce que c’est ?

Français On vous a déjà reproché d’employer un pléonasme ? De quoi s’agit-il ? Son emploi est-il toujours fautif ? Retour sur un terme souvent mal compris

20 Minutes avec agences
Définition : Le pléonasme, qu’est-ce que c’est ?
Définition : Le pléonasme, qu’est-ce que c’est ? — MYCHELE DANIAU / AFP
  • Le pléonasme est la répétition de plusieurs mots qui ont le même sens.
  • Certains pléonasmes sont utiles pour amplifier ou clarifier le sens d’une phrase.
  • D’autres pléonasmes sont des maladresses à éviter absolument, dans un devoir scolaire ou une lettre de motivation.

Le pléonasme est une figure de style (une « façon de parler ») qui consiste à utiliser, dans une phrase, plusieurs mots ayant le même sens. En d’autres termes, il s’agit d’une redondance. Un exemple simple est l’expression « je l’ai vu de mes yeux ». Comme il est impossible de voir autrement qu’avec ses yeux, on pourrait se contenter de dire « je l’ai vu ». Pourtant, bien employée, l’expression « je l’ai vu de mes yeux » n’est pas fautive.

Mais alors, pourquoi se voit-on parfois reprocher, à l’école ou par un proche, de faire usage d’un pléonasme ?

Un pléonasme est-il toujours fautif ?

Pour tirer cela au clair, voyons ce qu’en dit l’Académie française. Selon les Immortels, le terme « pléonasme » désigne une figure de style délibérée, qui a pour objectif de renforcer un discours. C’est le cas avec « je l’ai vu de mes yeux », qui sert à insister sur la véracité d’un témoignage. Mais il existe une sous-catégorie de pléonasmes involontaires et fautifs : les pléonasmes vicieux, ou « périssologies ».

Un bon exemple de périssologie est l’expression courante « monter en haut ». Non seulement il est impossible de « monter en bas » (ou horizontalement), mais contrairement à « je l’ai vu de mes yeux », dire qu’on « monte en haut » n’apporte aucun complément de sens utile à la phrase. C’est un abus de langage.

Quelques pléonasmes courants à éviter

Outre « monter en haut » (et, évidemment, « descendre en bas »), de nombreux pléonasmes abusifs se glissent dans nos conversations, dissertations ou, plus grave encore, dans nos lettres de motivation.

  • « Comme par exemple » : il suffit d’employer « comme » ou « par exemple » ;
  • « Voire même » : il suffit là aussi d’employer « voire » ou « et même » ;
  • « Prévenir à l’avance » : on ne peut pas prévenir quelqu’un autrement qu’à l’avance (cela s’applique aussi aux verbes « avertir », « préparer » ou « prédire ») ;
  • « Reporter à plus tard » : de même, un report a forcément lieu « plus tard » ;
  • « Un résumé bref/rapide » : c’est le propre d’un résumé que d’être bref ;
  • « D’abord, nous commencerons par… » : on commence forcément par ce que l’on fait d’abord ;
  • « Enfin/finalement, nous terminerons avec… » : on termine forcément à la fin ;
  • « Se réunir/collaborer ensemble » : il est difficile de se réunir ou de collaborer tout seul ;
  • « Une perspective d’avenir » : une perspective concerne forcément l’avenir ;
  • « Un risque potentiel/éventuel » : la définition même du risque est sa potentialité.

L’ajout d’un adverbe est également superflu avec les adjectifs « forts », par exemple :

  • « Je suis très affamé » (« affamé » signifie déjà avoir très faim) ;
  • « Il est complètement furieux » (on ne peut pas être « un peu furieux »).

Dans quels cas le pléonasme est-il acceptable ?

Comme nous l’évoquions plus haut avec l’exemple de « voir de ses propres yeux », certains pléonasmes permettent de renforcer le sens d’une phrase.

D’autres pléonasmes sont devenus des expressions courantes, par exemple :

  • « Faire dresser les cheveux sur la tête » : les cheveux sont forcément sur la tête, mais dire « ça m’a fait dresser les cheveux » serait moins compréhensible ;
  • « Dans la vraie vie » : il n’existe pas de « fausse vie », mais le terme peut s’employer par opposition à une attitude naïve envers l’existence, ou encore à la « vie » sur Internet.

Certains pléonasmes, enfin, permettent d’affiner la signification d’une phrase :

  • « Tourner en rond » : par opposition à « tourner autour de quelque chose » ;
  • « La marche à pied » : par opposition à la marche de l’escalier ou à la marche du monde.

Vous l’aurez compris, la nuance est souvent subtile entre une figure de style et une faute de langue. Pour savoir si un pléonasme est pertinent ou maladroit, il suffit donc de se poser la question suivante : la répétition a-t-elle une utilité quelconque ou est-elle parfaitement superflue ?