Une femme et des enfants sont assis dans une rue du quartier « Talus 2 », un bidonville avant sa démolition, à Majicavo, une commune faisant partie de la ville de Koungou, le 24 avril 2023, à Mayotte. — MORGAN FACHE/AFP
A Mayotte, le tribunal de Mamoudzou a suspendu l'évacuation d'un bidonville prévue ce mardi dans le cadre de l'opération « Wuambushu » contre la délinquance et l'habitat insalubre, après le refus la veille des Comores d'accepter les bateaux de migrants expulsés. La justice a ordonné à la préfecture « de cesser toute opération d'évacuation et de démolition des habitats visés » estimant que cela mettrait « en péril la sécurité » des autres habitants du bidonville, dont les logements seraient fragilisés. Préparée depuis un an, l'évacuation de Talus 2 devait constituer la première et spectaculaire opération de « décasage » (destruction des cases en tôle) sur l'île depuis l'arrivée, mi-avril, de centaines de renforts policiers et de gendarmerie. Le point, en images, sur l'opération « Wuambushu ».
Quelques jours avant le début de l’opération « Wuambushu », à Mayotte, le 17 avril 2023. — LOUIS WITTER/SIPA
Baptisée opération « Wuambushu », la France a déclenché une série d’interventions policières contre la délinquance et l’immigration illégale à Mayotte.
Quelques jours avant le début de l’opération « Wuambushu », à Mayotte, le 17 avril 2023. — LOUIS WITTER/SIPA
En procédant à des expulsions massives d’étrangers en situation irrégulière et à des destructions de bidonvilles.
Dans la ville de Majicavo, à Mayotte, le 22 avril 2023. — LOUIS WITTER/SIPA
Révélée fin février par Le Canard enchaîné, l’opération « Wuambushu », qui peut vouloir dire en mahorais « reprise » comme « poil à gratter », n’avait jamais été officialisée par le gouvernement avant vendredi dernier.
Dans la ville de Majicavo, à Mayotte, le 22 avril 2023. — LOUIS WITTER/SIPA
Mais le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a confirmé dans une interview au Figaro, puis sur franceinfo, la tenue d’une opération « au long cours », validée par Emmanuel Macron en Conseil de défense, selon une source proche du dossier.
Dans la ville de Majicavo, à Mayotte, le 22 avril 2023. — LOUIS WITTER/SIPA
L’île de Mayotte, devenue le 101e département français en 2011, attire chaque année des milliers de migrants, arrivés par la mer dans des embarcations de fortune, de l’île comorienne voisine d’Anjouan, mais également de l’Afrique des Grands Lacs et de plus en plus de Madagascar.
Une femme et des enfants sont assis dans une rue du quartier Talus 2, un bidonville qui sera bientôt démoli, à Majicavo, commune faisant partie de la ville de Koungou, le 24 avril 2023, à Mayotte. — MORGAN FACHE/AFP
Ces migrants clandestins, installés dans des quartiers particulièrement insalubres, des « bangas » en proie à la violence et aux trafics, vivent pour la plupart tranquillement sur l’île, occupant de petits emplois. Les mineurs sont scolarisés.
Les numéros peints sur les maisons signifient que l’habitation concernée sera épargnée grâce à une procédure sommaire, au quartier Talus 2, à Majicavo, commune faisant partie de la ville de Koungou, le 24 avril 2023. — MORGAN FACHE/AFP
Près de la moitié des 350.000 habitants estimés de Mayotte ne possède pas la nationalité française, selon l’Insee, mais un tiers des étrangers sont nés sur l’île.
Une femme s’entretient avec une membre d’une association dans le cadre d’une éventuelle procédure de relogement, à l’école primaire de Majicavo Dubaï, à Majicavo, le 24 avril 2023. — MORGAN FACHE/AFP
Plusieurs organisations, dont la Ligue des droits de l’Homme, se sont inquiétées que « la France place ainsi des mineurs dans des situations de vulnérabilité et de danger intolérables ».
L’escadron commandé par le capitaine Frappier dans le cadre de l’opération « Wuambushu », le 24 avril 2023, à Mayotte. — MATHYS/ZEPPELIN/SIPA
Les autorités des Comores, qui revendiquent toujours leur souveraineté sur Mayotte, restée française après l’indépendance des Comores en 1974, sont vent debout contre cette opération.
La police antiémeute française avec des véhicules blindés surveille la zone alors que le préfet de Mayotte s’adresse à la presse sur un parking du village de Tsoundzou, à la périphérie de la capitale Mamoudzou, le 24 avril 2023. — MORGAN FACHE/AFP
« Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne », a déclaré à l’AFP le ministre comorien de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud.
Le préfet de Mayotte Thierry Suquet s’adresse à la presse sur un parking du village de Tsoundzou, à la périphérie de la capitale Mamoudzou, le 24 avril 2023, à Mayotte. — MORGAN FACHE/AFP
La France « n’arrêtera pas » l’opération « Wuambushu » lancée à Mayotte au nom de la lutte contre la délinquance et les bidonvilles, a assuré lundi Thierry Suquet, le préfet de ce département français dans l’océan Indien, souhaitant reprendre « rapidement » les rotations de bateaux vers les Comores.
L’escadron commandé par le capitaine Frappier dans le cadre de l’opération « Wuambushu », le 24 avril 2023, à Mayotte. — MATHYS/ZEPPELIN/SIPA
Le tribunal de Mamoudzou a suspendu l’évacuation prévue ce mardi de Talus 2, un bidonville où vivent plus de 100 familles, situé à Koungou, à proximité de Mamoudzou, alors que les familles avaient déjà préparé leurs affaires pour quitter les lieux.
Les numéros peints sur les maisons signifient que l’habitation concernée sera épargnée grâce à une procédure sommaire, au quartier Talus 2, à Majicavo, commune faisant partie de la ville de Koungou, le 24 avril 2023. — MORGAN FACHE/AFP
La justice a ordonné à la préfecture « de cesser toute opération d’évacuation et de démolition des habitats visés » estimant que cela mettrait « en péril la sécurité » des autres habitants du bidonville, dont les logements seraient fragilisés.
Des véhicules incendiés aux abords d’un chantier à Tsoundzou, le 25 avril 2023, à Mayotte. — MATHYS/ZEPPELIN/SIPA
Préparée depuis un an, l’évacuation de Talus 2 devait constituer la première et spectaculaire opération de « décasage » (destruction des cases en tôle) sur l’île depuis l’arrivée, mi-avril, de centaines de renforts de policiers et gendarmes.
Des poubelles fumantes après des affrontements à Majicavo, commune faisant partie de la ville de Koungou, le 25 avril 2023, à Mayotte. — CHAFION MADI/AFP
Sur place, des affrontements sporadiques ont eu lieu entre des jeunes du quartier voisin et des forces de l’ordre déployées en nombre. Des barricades de poubelles et de pneus avaient été installées tout le long de l’axe principal de l’île menant au secteur.