La Turquie suscite une formation d'imams à Strasbourg

Reuters
— 

Un institut de formation d'imams, le  premier de ce type en France, ouvrira en janvier 2013 à Strasbourg à  l'initiative du gouvernement turc, a-t-on appris ce vendredi auprès de son  président. Baptisé «Faculté libre de théologie musulmane», il accueillera une  promotion de trente étudiants français titulaires d'un baccalauréat,  pour un cursus de cinq années.

Les études, dispensées par des enseignants turcs et français, seront  ouvertes aux femmes même si celles-ci n'ont pas vocation à devenir  imams, le ministère du culte musulman restant, comme dans la religion  catholique, réservé aux hommes.

Accord entre Paris et Ankara

Les diplômes délivrés à Strasbourg seront validés par l'Université de théologie d'Istanbul. «Il est important que nous ayons l'appui de la Turquie qui est un  Etat laïc et qui a une cinquantaine d'années d'expérience concernant la  formation des imams dans un cadre laïc», a déclaré à Reuters Murat  Ercan, président de la Faculté.

«Il est important aussi que nous recrutions des étudiants qui  connaissent la réalité du pays et qui aient intégré les valeurs de la  république», a ajouté cet homme de 43 ans, arrivé en France à 10 ans,  qui préside également l'Union des entrepreneurs franco-turcs.

La création de cet institut a fait l'objet d'un accord entre Paris  et Ankara, via la Ditib, une émanation du gouvernement turc qui  supervise quelque 250 lieux de culte en France, selon des informations  publiées vendredi par Les Dernières nouvelles d'Alsace et confirmées par  Murat Ercan.

Importante communauté turque

L'investissement dans l'achat et l'équipement d'un ancien centre de  formation de La Poste, soit deux millions d'euros, a été intégralement  financé par la Turquie et les dons de fidèles. Cette implication d'Ankara, où un parti islamiste modéré, l'AKP, est  au pouvoir, et d'un Etat musulman dans la formation d'imams en France  constitue une première.

Les seuls enseignements existants sont le fait d'associations  religieuses telles que l'Union des organisations islamiques de France ou  la Grande Mosquée de Paris, tandis que l'Institut catholique de Paris  propose, depuis 2008, aux futurs imams, une formation complémentaire.

Le choix de Strasbourg s'explique par l'importance de la communauté  d'origine turque dans l'est de la France, soit 160.000 personnes sur un  total de 550.000, mais aussi, symboliquement, en raison du concordat qui  s'applique toujours en Alsace Moselle. «Strasbourg a toujours été précurseur pour traiter sur un pied d'égalité les différents cultes», estime Murat Ercan.