Banlieue: La Cour des comptes tacle la politique de la ville
RAPPORT Des réformes inefficaces pour les banlieues depuis dix ans…
Peut mieux faire. Le bilan dressé par la Cour des comptes sur la rénovation urbaine et l’aide aux banlieues françaises s’avère sévère. Dans un rapport publié ce mardi, elle évoque l’inefficacité de certains programmes visant à réduire les inégalités et améliorer la qualité de vie dans les banlieues.
La lisibilité de la politique de la ville pâtit de la multiplication des réformes, entre le décret de 2006 qui mandate six préfets délégués à l’égalité des chances dans certains départements, la création de l’Acsé, agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances en 2006, le plan Espoir banlieues en 2008…
Peu d’impact
Toutes ces réformes et euros dépensés ont eu peu d’impact sur la vie quotidienne des habitants des quartiers difficiles. Le chômage y est deux fois plus important que la moyenne française et la pauvreté n’a pas baissé. Seulement la moitié des objectifs de démolitions-constructions du Programme de rénovation urbaine (PNRU) ont été atteints. Sans compter que l’Etat a réduit sa participation dans le programme.
Le problème? Un manque de cohérence et de coordination entre l’Etat et les collectivités territoriales et entre les ministères, des engagements pas toujours tenus, des aides aux associations jamais évaluées et surtout un trop grand nombre de quartiers prioritaires pour l’argent alloué.
Plus de coordination, moins de quartiers aidés
La Cour des comptes émet toute une série de recommandations pour rendre plus efficace cette politique de la ville déficiente. La première préconisation de la Cour des comptes concerne donc la géographie des banlieues à aider. Selon le rapport, la France fait exception: ses voisins limitent les aides à 392 quartiers pour l’Allemagne et seulement 17 quartiers vulnérables en Espagne. Ainsi, les crédits en France devraient aller en priorité à six départements particulièrement en difficulté: la Seine-Saint-Denis, les Bouches-du Rhône, l’Essonne, le Nord, le Val-d’Oise, le Rhône. Pour une gouvernance au plus près des habitants, le rapport encourage également une participation plus importante des intercommunalités.
Pour davantage de cohérence, le rapport suggère de fusionner les deux agences chargées de la rénovation urbaine: Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et l’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé).
Enfin, une évaluation simplifiée et plus fiable est avancée. La Cour des comptes conseille d’établir une méthodologie commune pour tous les acteurs, Etat, collectivités territoriales, associations afin d’évaluer l’efficacité des différentes initiatives.