Mort de Mohamed Merah: Le Raid a-t-il raté son intervention?

POLÉMIQUE a stratégie et les choix des forces de police suscitent des interrogations...

Julien Ménielle, avec William Molinié à Toulouse
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Les forces de l'ordre se regroupent après l'opération menée par le Raid pour arrêter Mohamed Merah se soit terminée. Ce dernier est décédé pendant l'assaut. A Toulouse, le 22 mars 2012.
Les forces de l'ordre se regroupent après l'opération menée par le Raid pour arrêter Mohamed Merah se soit terminée. Ce dernier est décédé pendant l'assaut. A Toulouse, le 22 mars 2012. — FRED SCHEIBER/20 MINUTES

Plus de trente heures de siège pour interpeller un cadavre. Alors que Claude Guéant avait affirmé vouloir prendre Mohamed Merah vivant, le présumé «tueur au scooter» a été abattu pendant l’assaut du Raid. Une intervention qui soulève critiques et interrogations.

«Priorité à la négociation»

«Si je comprends bien le Raid n'est donc pas capable en 30 heures d'aller chercher un individu seul dans un appartement?» a lancé sur Twitter Jean-Jacques Urvoas, spécialiste PS des questions de sécurité, avant de regretter son tweet. «Le Raid a donné la priorité à la négociation», justifie François Griscelli, membre du Raid à sa création contacté par 20 Minutes.

N’aurait-il pas été plus sage de planquer devant chez lui et de l’interpeller à sa sortie? «Rien n’indique qu’il n’avait pas des complices prêts à agir à l’extérieur», balaie l’ancien du Raid, qui ajoute qu’une intervention en pleine rue aurait été trop risquée. Mais avant même la négociation, les forces de l’ordre ont tenté, en vain, de défoncer la porte du suspect. «Dans un cas comme ça, on ne frappe pas à la porte, même avec un bélier», s’étonne un spécialiste sur le blog de Jean-Dominique Merchet. Le Raid aurait été surpris par l’accueil que lui a été réservé Mohamed Merah qui a immédiatement riposté par des coups de feu à travers sa porte.

Effet de surprise inversé

Il a ensuite fallu patienter. «Tout a été fait pour l'interpeller vivant. On aurait aimé l'interroger», a affirmé le procureur de la République de Paris François Molins. Difficile alors, de comprendre pourquoi le Raid a donné l’assaut sans être sûr que l’homme était bien hors d’état de nuire. «On avait pourtant les moyens technologiques de le localiser», indiquait le criminologue Laurent Montet sur BFM TV, évoquant les caméras thermiques.

Les hommes du Raid avaient choisi un autre dispositif: les caméras glissées sous la porte. Un dispositif moins discret qui a retourné en faveur de Mohamed Merah ce qui aurait dû être l’atout numéro un des forces de police: l’effet de surprise. Car au final, c’est le suspect qui a donné l’assaut, surgissant hors de la salle de bain dans laquelle il était retranché en ouvrant le feu. Un imprévu qui aurait pu être évité si l’homme avait été neutralisé par des gaz avant l’intervention.

«En règle générale, ça dure 30 secondes»

«L’utilisation des gaz implique un équipement supplémentaire pour les équipes qui doivent pénétrer ensuite», indique François Griscelli. Par ailleurs les gaz, volatiles, ne sont efficaces que dans un espace confiné, or le Raid avait fait sauter les fenêtres de l’appartement pendant la nuit. Il a donc fallu en découdre, et c’est au terme d’une fusillade de plus de 5 minutes que l’intervention s’est achevée. «En règle générale, ça dure 30 secondes», reconnaît un spécialiste des questions de police.

Une fusillade aussi longue peut selon lui être le signe d’une intervention «excessivement mal préparée» ou de «moyens de résistance considérables», estime le spécialiste. Reste à savoir pourquoi Mohamed Merah a finalement été abattu d’une balle dans la tête, et pourquoi les tireurs d’élites ne l’ont pas neutralisé d’un tir dans les membres. «Le Raid a agi dans le cadre de la légitime défense. S'il s'était rendu, il ne serait pas mort», tranche une source policière.


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