Nouvelles lois pour lolitas

Recueilli par Vincent Vantighem
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Chantal Jouanno, sénatrice UMP.
Chantal Jouanno, sénatrice UMP. — V. WARTNER / 20 MINUTES

   Des fillettes prenant des poses lascives dans les magazines. Des trousses à maquillage qui s'invitent à la récré… La sénatrice UMP Chantal Jouanno rend, ce lundi, son rapport sur l'hypersexualisation des petites filles. 

   Dans votre rapport, vous affirmez 

   que « la cause féminine est en train 

   de régresser ». Pourquoi ?
  L'hypersexualisation des petites filles n'est pas perçue comme un danger. En habillant leurs filles comme des femmes, certains parents ne voient pas à mal. Mais, dans la mode, les jouets ou les dessins animés, nous assistons à un retour des stéréotypes. Le danger, c'est que cette vague basée sur l'apparence remette en cause la valeur de l'intelligence.
  Vous parlez de danger…
  Oui. Dangers individuels. 37 % des filles de 11 ans avouent être à la diète. L'intrusion précoce de la sexualité entraîne des dégâts psychologiques irréversibles dans 80 % des cas, selon les experts. Et danger collectif pour la parité.
  Faut-il légiférer ?
  Les grands principes existent. « L'intérêt supérieur de l'enfant » est inscrit dans la loi. Il faut des ajustements. Comme une charte de l'enfant pour que les juges sachent quoi mettre derrière ces principes. 

   Que préconisez-vous par ailleurs ?
  D'interdire aux moins de 16 ans de devenir l'égérie de marques. Pour les entreprises, je voudrais adopter le dispositif du « name and shame ». Les marques ne respectant pas la règle seront dénoncées sur Internet. Je veux aussi interdire les concours de beauté aux moins de 16 ans où l'on ne juge que sur l'apparence.
  Vous êtes aussi favorable au retour 

   de l'uniforme à l'école primaire…
  Oui. Je sais que cela ne permet pas de lutter contre l'hypersexualisation. Regardez le Japon où l'uniforme est de rigueur… Mais, à 10 ans, les enfants parlent de Gucci et Vuitton. Un uniforme peut répondre à la concurrence des marques. Je propose un socle de valeurs nationales à adopter dans les écoles. 

Observatoire

Face au manque de statistiques sur le sujet, Chantal Jouanno veut charger l'Observatoire national de l'enfance en danger (Oned) d'une mission pour suivre l'évolution de l'hypersexualisation en France.