Les enfants abandonnés plus vite adoptés?

FAMILLE Les députés votent ce jeudi une proposition de loi...

Lucie Romano
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Environ 150 enfants sont juridiquement abandonnés chaque année en France.
Environ 150 enfants sont juridiquement abandonnés chaque année en France. — CLOISON / SIERAKOWSKI / ISOPIX / SIPA

Rendre un enfant délaissé par ses parents plus facilement adoptable. C'est l'un des objectifs de la proposition de loi portée par MichèleTabarot, députée UMP des Alpes-Maritimes, qui sera votée ce jeudi à l'Assemblée nationale. Concrètement, environ 150 enfants sont déclarés juridiquement abandonnés par leurs parents chaque année en France. Une minorité, au regard des120.000 enfants placés en foyers ou en famille d'accueil. 

Mais leur situation est complexe. Jusqu'à présent, la solution privilégiée était le plus souvent de réintégrer l'enfant dans sa famille d'origine, après avoir aidé les parents. Une solution louable sur le papier, mais parfois éloignée des réalités de terrain, notamment en cas de troubles profonds, voire mentaux des parents. Dans ce cas, les travailleurs sociaux comprennent très vite que certains enfants ne retourneront jamais dans leur famille. 

Des parcours destructurants

Malgré tout, «ces enfants ne sont actuellement adoptés que vers 8 ou 9 ans, le temps des procédures, et c'est parfois trop tard pour être adopté, précise Michèle Tabarot. Il faut pouvoir leur donner une deuxième chance.»

Eric Emile, responsable de la mission adoption au sein du conseil général de la Sarthe, se souvient de l'un de ces cas rares, celui d'une petite fille. Sa mère enceinte à 13 ans et demi, précaire, n'a plus pris de ses nouvelles à partir de ses 5 ans. L'enfant est déclarée abandonnée à 8 ans et adoptée officiellement par sa famille d'accueil à 10 ans. Un parcours destructurant. Eric Emile applaudit donc la loi tout en mettant en garde «sur la nécessité du cas par cas, chaque histoire étant différente».

Il s'inquiète aussi d'une dérive possible, qu'«une meilleure reconnaissance de ces enfants délaissés ne serve de vivier aux candidats à l'adoption en France».Quant à Geneviève Miral, la présidente d'EFA, une fédération d'associations sur l'adoption, elle regrette que cette loi ne mette «toujours pas les moyens pour bien accompagner les futurs parents et ces enfants» dans ce deuxième départ.