Outreau: Dix-huit mois de prison avec sursis requis au procès des époux Lavier

JUSTICE Le couple comparaît devant le tribunal correctionnel pour des faits de maltraitance sur deux de leurs enfants et corruption de mineurs...

Gilles Durand avec AFP
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Franck et Sandrine Lavier, acquittés à Outreau, comparaissent devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer, le 26 janvier 2012 pour des faits présumés de corruption de mineurs et de maltraitance sur deux de leurs enfants.
Franck et Sandrine Lavier, acquittés à Outreau, comparaissent devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer, le 26 janvier 2012 pour des faits présumés de corruption de mineurs et de maltraitance sur deux de leurs enfants. — MIKAEL LIBERT / 20 MINUTES

Acquitté en 2005 dans l’affaire Outreau, le couple Franck et Sandrine Lavier est devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer depuis ce jeudi matin. Les époux sont accusés de maltraitance sur deux de leurs enfants, âgés de onze et douze ans, et de corruption de mineurs. Dans la soirée, dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis contre Sandrine et Frank Lavier.

Dans le cadre de l’enquête sur les violences présumées, les policiers ont découvert des vidéos présentant les Lavier et quatre autres personnes mimant des gestes obscènes lors de soirées d’ivresse. Les avocats de la défense ont d’abord tenté, en vain, de faire annuler l’audience pour vice de procédure. La juge a donc décidé d’entendre d’abord les Lavier sur les faits de violences reprochés: punitions humiliantes et répétitives dont les enfants se sont plaints lors d’une fugue en mars 2011. «Les enfants étaient obligés de se mettre à genou sur un manche à balai, les mains sur la tête», dénonce la juge. Sandrine, comme Franck, nient. «Ils copiaient des lignes ou on les faisait mettre à genoux, selon les bêtises qu’ils faisaient, mais jamais de manche à balai», assure Sandrine Lavier.

«On ne se rendait pas compte»

Pas de coups non plus, d’après Franck, contrairement à ce qu’affirment les enfants. «Avec ma force, vous imaginez ce que ça pourrait faire», explique-t-il. «Comment les liens avec vos enfants ont pu évoluer aussi mal?», questionne la juge. «Ils faisaient souvent des bêtises, note Sandrine. On a eu du mal à créer des liens affectifs quand on les a récupérés, à cinq et six ans». Les deux aînés ont, en effet, grandi dans une famille d’accueil quand les époux Lavier étaient en prison préventive dans l’affaire Outreau. «Notre seule erreur, c’est d’avoir refusé l’aide d’une assistante à l’époque», reconnaît Franck. 

Place ensuite aux faits de corruption avec visionnage des vidéos. Des soirées bien arrosées où les Lavier avec famille et amis adoptent des comportements obscènes et lascifs devant les enfants. Des scènes où un enfant est même pris à parti. «C’était pour délirer, sans penser à mal», estime Sandrine Lavier. Inconscience, effet de l’alcool, regrets… «Ca vous paraît normal et éducatif aussi d’embrasser votre fille mineure sur la bouche?», tonne la juge. «On ne se rendait pas compte», répond Sandrine. «Et parler de sodomie devant votre enfant?» «Non, ce n’est pas normal», admet Sandrine Lavier. Face aux questions de la juge, une des accusées se met à pleurer. «Et vous trouvez ça drôle?», demande la procureure à Laurent Lavier, frère de Franck et accusé. «On avait bu», répond-il. L’audience se prolonge. La décision ne sera pas rendue jeudi.