Violences à Clermont-Ferrand: Si vous avez manqué le début

Comment s’est déroulée l’arrestation?

Tout commence par un appel téléphonique. Vers 2h30 du matin, dans la nuit de la Saint-Sylvestre, un coup de téléphone prévient la police et les pompiers de la présence au sol d’un homme inanimé au centre commercial de la Gauthière, un quartier sensible du nord de Clermont-Ferrand. Arrivés sur les lieux, policiers et pompiers ne trouvent que quatre jeunes, assis sur un banc, raconte la Montagne. L’un deux, Wassan El-Yamni, décrit plus tard comme très excité, aurait lancé des projectiles sur la voiture de police, dont la vitre se brise à l’impact.

Une course-poursuite s’engage alors. Deux policiers de la brigade canine, appelés en renfort, finissent par interpeller le Clermontois. Selon la Montagne, l’homme âgé de 30 ans est alors mis au sol par le chien, menotté, placé dans le véhicule et aspergé de gaz lacrymogène. Lorsqu’il arrive au commissariat, il est inanimé. Selon le parquet, les policiers ne croient d’abord pas à son malaise. Victime d’un arrêt cardiaque, il est ranimé avant de tomber dans le coma.

Quel est l’état de santé du Clermontois interpellé?

Selon le parquet, il souffrait d’une fracture des côtes, une autre du rocher orbitaire et des lésions au niveau du cou. Il est resté dans le coma jusqu'à son décès, lundi après-midi.

Qu’en pensent les habitants du quartier?

Certains habitants du quartier de Wassan parlent de «tabassage» et de «bavure». Quelques jours après l’incident, des tracts ont commencé à être distribués invitant à une marche pacifique prévue le samedi 7 janvier en soutien à la famille du trentenaire. Celle-ci, craignant des débordements, s’était opposée à cette initiative. Tout s’est finalement bien passé le samedi dans le cortège, qui a réuni environ 600 personnes, massées derrière le bandeau: «Personne au-dessus des lois, stop bavures!»

Où en est la situation sur le terrain?

Si le cortège a été calme, les nuits dans le nord de Clermont-Ferrand ont été agitées. Dans la nuit de jeudi à vendredi, 14 voitures ont été incendiées. La nuit d’après, une quinzaine de véhicules ont brûlé, ainsi qu’une vingtaine de containeurs. C’est une trentaine de véhicules qui ont été incendiés dans la nuit de samedi à dimanche, et six personnes placées en garde à vue. Les actes de vandalisme se sont calmés dans la nuit de dimanche à lundi, après le déploiement de 250 policiers supplémentaires.

Où en est l’enquête?

La famille de Wassan a porté plainte, et l’inspection générale de la police nationale de Lyon a été saisie lundi par le parquet de Clermont-Ferrand. Vendredi soir, deux juges d’instruction ont été saisis pour «déterminer les causes exactes du malaise cardiaque» et estimer «si la force d’intervention a été nécessaire ou illégitime compte tenu de l’énervement extrême de cette personne», selon le procureur. A propos de cet énervement, le parquet a révélé la présence d’alcool, de cannabis et de cocaïne dans l’organisme du trentenaire. Dans le cadre de l’instruction, les deux fonctionnaires concernés, qui ne sont pas suspendus, pourraient être mis en examen.