Le projet PS est-il financé ?

Alexandre Sulzer
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Guillaume Bachelay, cheville ouvrière du programme socialiste.
Guillaume Bachelay, cheville ouvrière du programme socialiste. — HALEY / SIPA

   Polémique sur le financement du programme PS. Quelques jours après la convention UMP qui a chiffré à 255 milliards d'euros son coût brut sur l'ensemble de la mandature, journalistes et experts se sont emparés de la question. Première observation : le chiffrage de l'UMP semble très exagéré. Notamment le coût du retour à la retraite à 60 ans que la rue La Boétie a évalué à 87 milliards d'euros. « On voit mal comment un retour sur cette réforme coûterait trois fois plus cher que les économies qu'elle génère », s'amuse le site Internet de L'Expansion. L'Institut de l'entreprise, un « think tank » patronal, a publié de son côté une évaluation, réalisée par quatre experts, qui se veut objective, que le PS a refusé de commenter hier. Elle cumule aussi bien les propositions du parti que celles de François Hollande, mais ne prend pas en compte la réforme des retraites, dont les contours sont encore mal définis. Résultat : il évalue le coût brut du programme entre 25,86 milliards et 29,07 milliards d'euros par an. Bien en deçà des calculs de l'UMP. Mais bien au-dessus du financement du projet tel que le présente le PS sur son site Internet. Les nouvelles recettes y sont évaluées à à peine 50 milliards d'euros pour la durée totale du mandat. Et le principe d'affecter 50 % de ces recettes à la réduction de la dette ne laisse plus que 25 milliards d'euros disponibles pour financer les « priorités » du parti. Et ce, sur la base d'une hypothèse de croissance moyenne de 2,5 % par an à partir de 2013, que le PS reconnaît être trop optimiste. Or, selon l'Institut de l'entreprise, le seul financement des contrats de génération, chers à François Hollande, coûte entre 30,5 et 33,5 milliards d'euros sur cinq ans. Soit plus que l'argent disponible pour l'ensemble des « priorités ». « Il va falloir préciser, actualiser et hiérarchiser le projet », reconnaît l'aubryste Guillaume Bachelay, cheville ouvrière du programme. Il précise toutefois que les 50 milliards d'euros de nouvelles recettes, fruits de l'annulation de la plupart des niches fiscales, ne seraient qu'un levier parmi d'autres pour dégager des marges de manœuvre. Il faudrait aussi compter sur « la montée en puissance de la réforme fiscale » et des redéploiements budgétaires conséquents comme la réduction du redoublement dans le primaire et le secondaire. « Le projet actualisé servira de point d'appui à l'élaboration du programme du candidat », conclut-il. Les calculs ne sont pas finis.