Emeutes à Londres: Qui va payer la facture?
ÉCONOMIE es assureurs et la police pourraient se renvoyer la balle...
Le coût des trois premières nuits d’émeutes à Londres et dans les autres villes d'Angleterre a été estimé mardi à près de dizaine de millions de livres (environ 113 millions d’euros) par l'Association des assureurs britanniques (ABI). Une information contredite à peine quelques heures plus tard par une «source» proche de l’ABI selon laquelle il faudrait plutôt compter dans les 200 millions de livres pour réparer les dégâts.
«Il est trop tôt pour avoir une idée précise du coût total, surtout du coût lié à la fermeture des commerces, mais les assureurs travaillent dur pour s'occuper des plaintes qui parviennent et qui nous donneront une idée du niveau et du coût des dégâts», a préféré préciser Nick Starling, responsable de l'assurance et de la santé de l'ABI, dans un communiqué.
Pertes d’emploi
«Il y a un énorme coût dû à des pertes d’emplois à cause des magasins qui ferment leurs portes depuis le début des émeutes. Plusieurs magasins ne rouvriront pas demain», a expliqué Stephen Robertson, directeur de la chambre de commerce Britannique (BCC) à la BBC. Avant d’ajouter que les consommateurs, «effrayés» mettront du temps à reprendre leurs habitudes.
A titre d’exemple, 16 supermarchés Sainsbury’s ont été attaqués et trois sont toujours fermés. 157 Tesco, dont les portes ferment souvent tard le soir, ont largement restreint leurs horaires d’ouverture. La plupart des banques ont annoncé que leurs agences resteraient fermées ou n’ouvriraient qu’à des moments de la journée très précis.
Vers un bras de fer entre la police et les assureurs
Qui va payer? La question risque d’être épineuse. En effet, une loi datant de 1886 (« Riots Damages Act ») rend la police responsable des dommages causés sur les biens personnels et professionnels par des «rassemblement tapageurs et tumultueux» d’au moins 12 personnes. Or les réserves financières de la police ne seraient que de 70 millions de livres, c’est-à-dire bien en dessous du coût estimé par les assureurs. Néanmoins, le porte parole des autorités a déclaré que les forces de police étaient elles-mêmes couvertes en cas d’émeutes.
«La théorie est que la police est responsable du maintien de l'ordre et du respect de la loi, et que si elle échoue, elle doit payer pour les dégâts», explique Stuart White, membre du cabinet juridique Reynolds Porter Chamberlain.
La BCC craint aussi, à long terme, pour la réputation du pays. «Le problème c’est que nous sommes au moment des Jeux Olympiques où nous espérons envoyer un grand message au monde comme quoi nous sommes une grande capitale dans laquelle il faut aller», a déploré Stephen Robertson sur la BBC.