Cannabis: Villepin prône une dépénalisation
RÉACTIONS u contraire, pour le gouvernement, sa dépénalisation serait «une erreur totale»...
«Je suis contre la pénalisation et pour la dépénalisation, je propose qu'en contrepartie on choisisse la voie de la contravention.» Après la gauche, qui a relancé mercredi le débat sur la dépénalisation du cannabis, y compris dans ses propres rangs, en prônant, dans un rapport parlementaire, une «légalisation contrôlée» de cette drogue, c'est au tour de Dominique de Villepin de se prononcer pour la dépénalisation de l'usage du cannabis, qu'il souhaiterait voir sanctionner d'une simple contravention.
L'ex-Premier ministre l'a dit lors de l'émission Elections 2012 (YouTube/CFJ/AFP), qui doit être diffusée ce jeudi dans la journée, et a également souligné que cette mesure permettrait d'alléger la charge des services de police et de justice.
«Il est temps de décriminaliser l'usage»
«En ce qui concerne le cannabis, 4 millions de consommateurs en France, 90.000 interpellations dans notre pays, ce qui engorge nos services de police, mobilise la police judiciaire pour des enquêtes qui, souvent, sont infructueuses», a-t-il dit. «Je ne suis pas sûr que nous soyons mûrs pour une légalisation, même pour une légalisation sous contrôle. Par contre il est temps de décriminaliser l'usage, la consommation de cannabis et de passer à un stade contraventionnel», a souligné Dominique de Villepin.
«La contravention c'est un message suffisant mais nécessaire, parce que la consommation de cannabis reste dangereuse», a-t-il ajouté. L'usage de produits stupéfiants est interdit par l'article L3421-1 du code de la santé publique, qui prévoit des peines maximales d'un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende. Cependant, il s'agit de peines maximales et, dans la pratique, les magistrats ont une grande marge d'appréciation et l'emprisonnement est exceptionnel. En cas d'interpellation, le consommateur peut éviter la sanction pénale en acceptant une aide médicale, psychologique et sociale.
La dépénalisation, «une erreur totale et dangereuse pour les jeunes» selon Bertrand
Du côté du gouvernement, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a estimé que la dépénalisation serait «une erreur totale et dangereuse pour les jeunes», ajoutant qu'il ne pense pas «qu'il soit utile de lancer un débat comme le fait Daniel Vaillant». Selon le ministre de la Santé, «la société française ne veut pas de la dépénalisation du cannabis».
«Je crois à la place de l'interdit», a-t-il fait valoir et «la voie de la dépénalisation serait une erreur totale et dangereuse pour les jeunes». Tout en convenant qu'il fallait «remporter davantage de succès dans la lutte contre les drogues et les addictions», le ministre a souligné le fait que la dépénalisation d'un produit «n'empêchait pas forcément la contrebande», en citant l'exemple des cigarettes. Enfin, il a affirmé que des pays qui s'étaient engagés dans la voie de la dépénalisation revenaient en arrière, citant la Grande-Bretagne.