Les analyses disculpent le concombre espagnol

SANTE L'Espagne est furieuse des accusations portées par l'Allemagne...

Reuters
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Un concombre bio espagnol, semblable à ceux dans lesquels ont été identifiées des Escherichia coli enterohémorragiques, en mai 2011 en Allemagne.
Un concombre bio espagnol, semblable à ceux dans lesquels ont été identifiées des Escherichia coli enterohémorragiques, en mai 2011 en Allemagne. — BAZIZ CHIBANE/SIPA

Les gouvernements européens  ont multiplié les accusations sur l'origine des concombres contaminés  par la bactérie Escherichia coli qui a causé, selon le dernier bilan  disponible ce mercredi matin, la mort de seize personnes en Allemagne et en  Suède.

Le décès d'une Suédoise constitue le premier cas mortel hors  d'Allemagne depuis le début de l'épidémie, qui touche également  l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, le Danemark et les Pays-Bas.  Les malades, dont le nombre dépasse aujourd'hui le millier, ont tous en  commun d'avoir séjourné récemment outre-Rhin.

Dans un premier temps, la bactérie mortelle a été imputée à des  concombres espagnols importés en Allemagne. Mais les autorités  allemandes ont admis mardi que les dernières analyses montraient que le  légume incriminé ne portait pas la bactérie.

Ampleur sans précédent

«L'Allemagne reconnaît que les concombres espagnols ne sont pas la  cause (de l'épidémie)», a déclaré le secrétaire d'Etat à l'Agriculture  Robert Kloos, lors d'une rencontre avec des ministre de l'Union  européenne en Hongrie.

Malgré ce démenti allemand, l'autorité américaine de contrôle  alimentaire (FDA) continue de contrôler tous les chargements de légumes  et d'autres produits originaires d'Espagne.    

Au-delà de l'aspect sanitaire, la crise suscite des tensions diplomatiques entre Berlin, Madrid, Paris et Moscou.

La ministre espagnole de l'Agriculture, Rosa Aguilar, a critiqué les  accusations initiales de Berlin. «L'Allemagne a accusé l'Espagne d'être  responsable de la contamination du E. coli en Allemagne et elle l'a  fait sans preuves, créant un dommage irréparable à ce secteur d'activité  en Espagne», a-t-elle dit.

Les exploitants espagnols estiment perdre 200 millions d'euros par  semaine en raison du manque à gagner engendré par cette crise. Selon des  médias espagnols, l'Allemagne, le Danemark, la République tchèque, le  Luxembourg, la Hongrie, la Suède, la Belgique et la Russie bloquent  l'entrée de concombres espagnols.

Madrid a réclamé à Berlin de prendre «des mesures extraordinaires  pour compenser les pertes énormes causées au secteur espagnol».

Doutes sur l'origine de la bactérie

En France, où trois cas ont été signalés, le ministre de la Santé,  Xavier Bertrand, a invité les autorités allemandes et espagnoles à la  transparence.

«Au début les autorités allemandes étaient formelles, aujourd'hui il  y a des questions qui se posent de plus en plus, je veux savoir quelle  est cette origine. Nous avons besoin d'une information d'une  transparence totale de la part des autorités allemandes, mais aussi de  la part des autorités espagnoles», a-t-il souligné mardi sur France 2.

L'origine exacte de la souche de la bactérie est encore inconnue.  Mais, selon des scientifiques, les soupçons peuvent légitimement se  porter sur des légumes et des salades parce que le fumier utilisé pour  fertiliser les champs peut contenir le E. coli.

La bactérie incriminée produit des shigatoxines (STEC) qui peuvent  entraîner des manifestations cliniques variées telles que des diarrhées  banales ou hémorragiques, susceptibles d'évoluer vers le SHU, ou  syndrome hémolytique et urémique qui affecte le sang, les reins et, dans  les cas graves, le système nerveux.

Selon le Centre européen pour la prévention et le contrôle des  maladies (CEPCM), basé en Suède, cette épidémie de STEC/SHU est d'une  ampleur sans précédent.