Procès Colonna: La défense dément que son client soit l'auteur de menaces
JUSTICE Et compte demander à la Cour d'assises spéciale de Paris de «déclarer irrecevable» la lettre en question...
Les avocats d'Yvan Colonna, rejugé pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, ont assuré ce mardi que leur client n'était pas l'auteur d'une lettre de menaces à l'encontre d'un témoin clé du procès, mais qu'il s'agissait là d'une manipulation. Il s'agit d'un revirement, puisque la défense du nationaliste corse a pendant le week-end présenté ce courrier de décembre 2010 comme le «cri de colère» d'un innocent. La défense compte d’ailleurs demander à la Cour d'assises spéciale de Paris de «déclarer irrecevable» la lettre de menaces, a déclaré l’un des avocats du berger de Cargèse.
Ces derniers ont vivement pris à partie lors de son audition le directeur central de la police judiciaire, Christian Lothion, qui a fait remettre le courrier à la cour, le qualifiant de «barbouze» à l'audience et le menaçant d'une plainte pour «faux et usage de faux». Christian Lothion dit avoir obtenu d'un informateur qu'il ne veut pas nommer un courrier qui menace de «guerre» Pierre Alessandri, condamné à perpétuité pour sa participation à l'assassinat du préfet, s'il ne blanchit pas Yvan Colonna.
«Une manipulation, une invention, une création qui émane de votre ministère»
Antoine Sollacaro, un des avocats d'Yvan Colonna, a interpellé le policier. «Ce courrier, c'est une manipulation, une invention, une création qui émane de votre ministère, de votre proximité», a-t-il dit. Gilles Simeoni, autre avocat, a mis en cause le policier qu'il voit comme proche de Nicolas Sarkozy. Yvan Colonna n'a pas pris la parole, comme il le fait pourtant souvent et personne ne lui a demandé s'il était l'auteur du courrier.
Yves Baudelot, avocat de la veuve du préfet, a qualifié «d'extraordinaire rétropédalage» le revirement de la défense. Pour, lui le courrier est bien de la main d'Yvan Colonna puisqu'il l'a dit lui-même à son avocat venu le voir en prison samedi, comme l'atteste une interview télévisée de Gilles Simeoni enregistrée par France 3.
Yves Baudelot relève une phrase dans le courrier où le signataire dit à Pierre Alessandri de ne pas endosser le rôle de l'homme qui a tiré sur le préfet, car «personne ne le croit». «Le courrier montre la personnalité d'Yvan Colonna et quel a été son rôle. Il nous dit que le tueur, c'est lui», estime-t-il. Le procès se poursuit jusqu'à mi-juin. La cour devait statuer dans la soirée sur un probable transport à Ajaccio lundi prochain, à la demande de la défense.