La nouvelle formation des enseignants a créé des "incertitudes"

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La médiatrice de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur, Monique Sassier, relève lundi les "interrogations" et "incertitudes" nées de la "masterisation" (réforme de la formation des enseignants), et suggère des pistes pour en corriger les conséquences.

"La modification de la procédure de recrutement fait naître différentes incertitudes" et "soulève différentes interrogations qui méritent un examen attentif", souligne Mme Sassier dans son rapport 2010, présenté au ministère de l'Education nationale.

"L'inscription au concours de recrutement des enseignants suppose désormais la détention d'un master. Il se trouvera nécessairement qu'une partie des étudiants titulaires du master échoueront au concours de recrutement", poursuit Mme Sassier.

"Cette sélectivité est au demeurant indispensable sauf à vider le concours de sa valeur; on considère généralement que le niveau d'un concours de recrutement est garanti si le nombre des présents aux épreuves n'est pas inférieur à trois fois le nombre des admis", ajoute la médiatrice.

Mais elle "s'interroge sur la situation de ces étudiants qui, après avoir réussi le master, échoueront au concours".

"La solution du recrutement au niveau du master peut avoir pour effet de renforcer la spécialisation et la polarisation sur un champ disciplinaire donné", signale-t-elle.

De plus, "les étudiants recalés au concours n'auront pas la possibilité, pour la plupart d'entre eux, de poursuivre leurs études dans le cadre d'un doctorat. Les perspectives de recrutement en doctorat sont en effet très inférieures au nombre des étudiants de master qui seront recalés; en outre l'échec de ces étudiants au Capes les placera en situation difficile pour obtenir l'appui d'un directeur de thèse".

La médiatrice "souligne également que les masters qu'auront obtenus les candidats recalés aux concours ne les placeront pas en position très favorable sur le marché du travail, les diplômes en question étant +calibrés+ pour l'enseignement (masters de philosophie, d'histoire...)".

Ces étudiants recalés pourraient présenter par la suite leur candidature à des postes d'enseignants contractuels, ce qui aboutirait à la "constitution d'une forme de corps enseignant de second niveau recruté par une voie parallèle: une telle situation se révélerait probablement malsaine".

Pour éviter "incertitudes" et "insatisfaction", Mme Sassier souhaite que "le ministère étudie les hypothèses qui pourraient conduire à avancer le calendrier des concours, en organisant au cours du master1 soit les épreuves d'admissibilité soit les épreuves d'admissibilité et d'admission".

Elle recommande également "de veiller à ce que les formations dispensées soient dans leur contenu suffisamment ouvertes et polyvalentes, afin de permettre l'insertion professionnelle des titulaires du master qui ne seront pas reçus aux concours de recrutement".