Journée mondiale de la procrastination: «Ce n'est pas un problème, c'est une solution»
SOCIÉTÉ mettre les choses au lendemain, ce n'est pas forcément mal, surtout ce vendredi...
«La procrastination, ce n’est pas un problème, c’est une solution». Un an après le lancement de la journée mondiale qui lui est consacrée ce vendredi, David d'Equainville, son créateur, n’en démord pas. «C’est une défense immunitaire», insiste-t-il auprès de 20minutes.fr.
La procrastination, ou l’art de remettre au lendemain ce que l’on pourrait faire le jour même, est pourtant toujours considérée aujourd’hui comme un défaut, voire une pathologie. «On en parle comme d’un dysfonctionnement voire d’une catastrophe», déplore le fondateur des éditions Anabet et auteur du «Manifeste pour une journée reconductible – Introduction à la procrastination» (Zebook.com), sorti uniquement sous format numérique la semaine dernière.
La procrastination, une maladie?
Une membre de la Société française de psychologie, jointe par 20minutes.fr, en convient: si tout dépend de l’intensité, la procrastination peut se révéler «un mode de fonctionnement qui peut nous mettre en danger, provoquant des situations très compliquées sur le plan affectif ou administratif (paiement des impôts, des factures)». «On n’est plus dans la facilitation quand cela dépasse certaines limites», ajoute cette psychologue qui voit en une procrastination excessive l’un des symptômes de la dépression.
David d'Equainville s’est ainsi engagé depuis un an à prôner la «procrastination positive» afin de «mettre (son) grain de sable dans les ravages éculés» d’une société où tout va de plus en plus vite grâce à la technologie, les téléphones portables ou encore les réseaux sociaux. «Tout cela nécessite un filtre, il faut savoir différer», estime-t-il.
La procrastination, «un trait commun à tous les pays»
L’éditeur veut aller contre les injonctions, les mots d’ordre, ces soi-disant facteurs de réussite. Cependant, il ne faut pas confondre procrastination et paresse. «Cela veut dire troquer un jour contre un autre, différer une action, cela demande de vrais choix», explique David d'Equainville qui précise que l’on reste ainsi «au sein même de la société» mais en s’affranchissant de ses cases.
Créée en France, cette journée, qui se veut mondiale, a-t-elle eu pour autant un écho à l’étranger? Oui, car la procrastination est «innée à l’humanité, c’est un trait commun à tous les pays», selon son instigateur dont le manifeste sera traduit en anglais. Il estime d’ailleurs que les Anglo-saxons nous ont largement devancés dans la prise de conscience du phénomène procrastinateur grâce à leur pragmatisme légendaire.
DSK et Sarkozy, procrastinateurs professionnels
La France n’est toutefois pas dépourvue de professionnels de la procrastination à l’image de ses hommes politiques, «des procrastinateurs permanents», mais pas forcément dans le bon sens. David d'Equainville cite Dominique Strauss-Kahn, «l’exemple même» avec sa décision attendue d’être candidat à la présidentielle, et Nicolas Sarkozy, «un professionnel averti», dont «l’hyperactivité lui fait différer tous les problèmes fondamentaux».
Pour célébrer cette journée dédiée, l’éditeur invite ainsi à privilégier plutôt la procrastination qui «ouvre des marges de manœuvre possibles». Pour sa part, et c’est un comble, il a prévu d’en prendre le contre-pied en ne remettant pas au lendemain sa «défense de la procrastination».
Et vous, qu’en pensez-vous? Qu’avez-vous prévu de remettre à demain pour fêter la journée mondiale de la procrastination?