Un postier qui a volé un million d'euros condamné à cinq ans de prison
Un agent de La Poste, condamné à cinq ans de prison pour avoir détourné près d'un million d'euros, a expliqué son geste, lors de son procès à Marseille, par des «dettes de jeu», sans pour autant lever le mystère sur la destination de l'essentiel du butin qui reste introuvable.
Naïm El Jaziri, 42 ans, a été reconnu coupable mercredi du détournement de 976.000 euros à la fin du mois d'octobre 2009 lorsqu'il travaillait comme caissier dans une agence marseillaise. Accusé de recel, un de ses anciens collègues, Christophe César, a été condamné à 18 mois de prison dont six avec sursis.
Employé à la Poste depuis 1991, M. El Jaziri, qui ordinairement passait des bons de commandes d'un total moyen de 100.000 euros à la caisse centrale d'Aix-en-Provence pour approvisionner les distributeurs, avait commandé trois fois en l'espace d'une semaine des sommes bien supérieures, jusqu'à 370.000 euros. A chaque fois, avec succès.
Deux mois et demi de cavale
Le postier déclarait alors n'avoir reçu que 100.000 euros, ou moins, et ne garnissait les distributeurs qu'au minimum, pour garder la différence. Il avait ensuite dérobé 120.000 euros dans le coffre de l'agence avant de disparaître. Après deux mois et demi de cavale, il s'était rendu en janvier 2010 à la police, affirmant que les 850 euros trouvés sur lui étaient tout ce qui lui restait.
Le responsable de la sécurité interne de la Poste dans les Bouches-du-Rhône, Jacques Carlouet, a évoqué un projet «mûrement réfléchi et très intelligemment fait».
Peu loquace à l'audience, le prévenu a justifié son geste par des dettes de jeu. Il a reconnu une «addiction» au poker où il jouait tant au casino, sur internet que dans des salles de jeux clandestines. C'est dans un de ces tripots qu'il aurait, selon lui, contracté une «dette de plus de 200.000 euros» justifiant son geste.
Mais sur la destination du reste du butin, évalué par la justice entre 600 et 800.000 euros, il est resté très vague, affirmant avoir été «naïf» et s'être fait dépouiller par ses créanciers.
Remboursement solidaire
«Je suis allé payer ma dette la plus importante. Mes créanciers ont dû comprendre que j'avais plus. Ils me l'ont pris en me disant que je n'avais pas besoin d'autant», a-t-il déclaré, en refusant de révéler leur identité. Il a aussi dit avoir remis 120.000 euros à une Cubaine rencontrée à Barcelone pendant sa cavale.
Au cours de l'enquête, il avait affirmé avoir confié l'essentiel de la somme à Christophe César. Il avait dit lui avoir remis 10.000 euros pour ce service, en plus d'un remboursement de 30.000 euros de dettes. Après l'arrestation de M. César, 100.000 euros avaient été retrouvés enterrés dans son jardin. «A part ces 140.000 euros dont on est sûrs, le reste c'est du déclaratif», a relevé le président du tribunal.
«Qui prend-il pour des imbéciles?» s'est interrogé le procureur, Emmanuel Merlin, en parlant du prévenu. «Ses explications sont fantaisistes. Il sait parfaitement où se trouve cet argent jusqu'au dernier centime», a-t-il estimé.
«Cet argent, il ne l'a pas. Et à la porte d'une condamnation, ce serait de son intérêt de rendre les sommes. Il ne le peut pas», a plaidé son avocat, Me Julien Pinelli.
Le tribunal, qui a suivi les réquisitions du procureur, a également condamné les deux prévenus à rembourser solidairement la somme dérobée.