Des pesticides dans nos assiettes

à Montpellier, Caroline Rossignol
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Des pesticides hors réglementation ont été retrouvés dans des aliments importés d'Asie.
Des pesticides hors réglementation ont été retrouvés dans des aliments importés d'Asie. — F. DURAND / SIPA

   Une quarantaine de pesticides et polluants différents dans chacun de nos repas. C'est ce qui ressort d'une étude, rendue publique demain et dont 20 Minutes révèle certains aspects. Menée par Générations futures [fondation qui travaille sur les dangers des pesticides], elle entre dans le cadre d'une campagne d'action sur les causes environnementales du cancer. L'enquête porte sur les repas types d'un enfant d'une dizaine d'années. « On a imaginé des menus en prenant en compte les recommandations sur les fruits et légumes, mais aussi les goûters, explique Nadine Lauverja, de Générations futures. Des analyses ont été réalisées par différents laboratoires pour rechercher des cancérigènes. »
  Le résultat est édifiant : jusqu'à quinze pesticides différents dans le saumon ; des pesticides hors réglementation européenne dans les haricots verts et autres produits importés d'Asie et d'Afrique. D'où cette question, posée par le médecin responsable de l'alimentation au Réseau environnement santé qui participe à l'enquête. « Que fait la répression des fraudes ? Il y a une carence évidente dans les contrôles. » Laurent Chevallier s'inquiète de la dégradation sanitaire. « En vingt-cinq ans les cancers ont doublé, avec une augmentation constante chez l'enfant. » Et c'est sans compter la progression galopante du diabète (+ 40 % en dix ans) ou des allergies, multipliées par cinq en vingt ans. « Il faut se préparer à une crise sanitaire. Les industriels profitent d'une législation mal adaptée, notamment en matière d'additifs. » Conservateurs et édulcorants seraient présents en quantité très importante. Mais ce que redoute le médecin, c'est le cocktail explosif que représentent, ensemble, tous les résidus de polluants, pesticides et additifs. « Nos enfants seront touchés par des perturbations endocriniennes, qui ont des incidences identifiées sur la reproduction, le métabolisme et le surpoids. » Une nouvelle alerte pour Laurent Chevallier qui, en 2008, avait le premier brandi la menace de la présence du bisphénol A dans certains biberons. Un produit dont l'Europe a interdit l'utilisation il y a dix jours.