L'Université Paris 13 porte plainte pour fraude à l'inscription d'étudiants chinois

JUSTICE Un véritable réseau serait à l'oeuvre...

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L'Université Paris-XIII a annoncé vendredi avoir porté plainte en juillet, notamment pour corruption, dans une affaire de fraude à l'inscription d'étudiants chinois, dont la ministre de l'Enseignement supérieur a répété qu'elle voulait "modifier profondément" la sélection.
L'Université Paris-XIII a annoncé vendredi avoir porté plainte en juillet, notamment pour corruption, dans une affaire de fraude à l'inscription d'étudiants chinois, dont la ministre de l'Enseignement supérieur a répété qu'elle voulait "modifier profondément" la sélection. — STEPHANE DE SAKUTIN AFP

L'Université Paris 13 a annoncé ce vendredi avoir porté plainte en juillet, notamment pour corruption, dans une affaire de fraude à l'inscription d'étudiants chinois, dont la ministre de l'Enseignement supérieur a répété qu'elle voulait «modifier profondément» la sélection. Le président de l'Université, dont le principal site est à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), Jean-Loup Salzmann, a évoqué «un réseau de personnes chinoises qui «aidaient» des étudiants chinois à s'inscrire, lesquels leur donnaient beaucoup d'argent pour cela», entre «2.000 à 3.000 euros».

«Corruption», «trafic d'influence» et «escroquerie»

Parmi les étudiants inscrits au début de l'année universitaire 2009, 50 à 60 dossiers, soit 10% des dossiers, ont semblé litigieux, faute de documents démontrant qu'ils avaient le niveau requis. «En interrogeant ici et là, on s'est aperçu que des étudiants chinois ne savaient pas bien parler français» a expliqué à l'AFP Jean-Loup Salzmann.

«Une fois convoqués, ces étudiants», dont une partie venait d'autres universités françaises, «ne se sont pas présentés. On les a radiés», a-t-il dit. L 'Université a porté plainte pour «corruption», «trafic d'influence» et «escroquerie» et assuré avoir éradiqué ce phénomène. Elle a précisé que deux administratifs avaient été sanctionnés et un enseignant renvoyé devant une commission disciplinaire.

L'annonce de cette plainte intervient après que le président de l'université Sud Toulon Var, Laroussi Oueslati, eut été écroué en septembre pour «corruption passive», à la suite de la découverte d'irrégularités supposées dans les procédures d'admission d'étudiants chinois. L'enquête avait démarré à la suite d'une dénonciation, sans preuve, d'un professeur toulonnais qui affirmait que «plusieurs dizaines» d'étudiants chinois auraient obtenu des licences et des masters contre de l'argent.

«Prêts à tout pour s'inscrire»

Laroussi Oueslati a aussi été révoqué de la fonction publique avec interdiction d'exercer à vie toute fonction d'enseignement. Deux étudiants chinois ont également été écroués pour tentative de corruption dans cette affaire. Quand ils étaient à peine plus de 17.000 en 2006, les Chinois représentent le deuxième contingent d'étudiants étrangers (29.053), encore derrière les Marocains (31.522) même si l'écart se réduit d'année en année, mais loin devant les Algériens (21.781), selon les chiffres officiels.

Et la croissance n'est pas achevée puisque le président Nicolas Sarkozy a dit sa volonté d'en doubler le nombre, à l'occasion de la récente visite de son homologue chinois Hu Jintao. Dans un entretien au Figaro ce vendredi, la ministre Valérie Pécresse souhaite que 75% d'entre eux s'inscrivent à l'avenir «en master et en doctorat». Elle insiste sur la nécessité de «modifier profondément (le) système de sélection des étudiants chinois» et de ceux «de tous les pays émergents».

Car au-delà des cas de fraudes présumées de Toulon et Paris 13, la sélection des Chinois venant étudier en France fait l'objet de critiques. Un rapport conjoint du ministère de l'Enseignement supérieur et de celui des Affaires étrangères, doit prochainement être rendu. Sans en dévoiler le contenu, Valérie Pécresse reconnaît que jusqu'à la révélation de l'affaire de Toulon, le système était «opaque» avec «des étudiants au niveau faible et parfois incapables de suivre des cours en français», mais «prêts à tout pour s'inscrire». Il faut offrir aux étudiants chinois «une inscription transparente, dans la filière de leur choix, quitte ensuite à leur proposer une mise à niveau en français», a-t-elle dit.