Pénurie de carburant: la raffinerie de Grandpuits réquisitionnée
SOCIAL C'est l'un des symboles de la contestation contre la réforme des retraites...
Si le gouvernement a décidé de passer en force au niveau politique, avec l’utilisation du vote bloqué pour faire passer le texte au Sénat, il accélère également sur le terrain. Et s'attaque aux symboles. La raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), en grève depuis le 13 octobre, en est un: celui de la constestation radicale de la réforme des retraites. Le site a été réquisitionné dans la nuit de jeudi au vendredi par la préfecture de l'Essonne. Cette raffinerie est stratégique: elle alimente la région parisienne, dont les aéroports.
Les CRS ont surpris les grévistes dans la nuit de jeudi à vendredi, à «3h10» pour «notifier les réquisitions des salariés par le préfet de Seine-et-Marne», a indiqué Franck Manchon, délégué syndical CGT. Une initiative qui a mis en colère les grévistes mais n'a pas entamé leur détermination: ils tentent de maintenir le blocage. Ils ont reçu l'appui d'environ 80 personnes, habitants du quartier ou militants d'autres corporations, qui ont formé vers 7 heures un «cordon citoyen» pour empêcher les salariés réquisitionnés d'entrer.
Réquisition pour «défense nationale»
Mais les CRS sont intervenus vers 8h30 pour déloger les grévistes de devant les grilles du site. Une intervention qui a fait au moins trois blessés, selon i-Télé. Et les accès au site ont été dégagés.
Une intervention qui renforce la colère des grévistes. «Ce qui vient de se passer à la raffinerie de Grandpuits avec cette entrave à l'exercice du droit de grève va sans nul doute créer un électrochoc et notamment dans l'industrie», a dénoncé le coordinateur CGT du groupe Total, Charles Foulard.
Les grévistes envisagent également de «faire opposition de façon juridique» à la réquisition car le préfet de Seine-et-Marne, Michel Guillot, «est venu lui-même donner les réquisitions au personnel dans le but d'alimenter les stations service et tous les clients de Total, tout ça sous prétexte d'un code Défense». Cette réquisition de «défense nationale» est plus contraignante qu'une réquisition simple: les grévistes qui ne s'y soumettraient pas risqueraient des sanctions plus lourdes.
«Nous ne sommes pas en guerre»
«Nous ne sommes pas en guerre, nous ne sommes pas en état de siège, le code défense ne s'applique pas dans ce cas-là», a dénoncé Franck Manchon. «C’est extrêmement grave ce qui s’est passé», s’est insurgé un autre responsable CGT, Charles Foulard sur BFM TV.
Franck Manchon a prévenu: les grévistes vont «utiliser tous les moyens en (leur) possession pour continuer à faire valoir (leur) droit de grève».