Les casseurs tiennent le haut du pavé

VIOLENCES De nombreux jeunes ont été interpellés cette semaine, notamment à Nanterre et à Lyon...

Matthieu Goar, Frédéric Crouzet,à Lyon et Maxime Terracol, à Nanterre
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Une voiture qui brûle à Nanterre, le 19 octobre 2010, en marge des manifestations contre la réforme des retraites.
Une voiture qui brûle à Nanterre, le 19 octobre 2010, en marge des manifestations contre la réforme des retraites. — REUTERS

SMS pour se donner rendez-vous, puis affrontements avec les forces de l'ordre avant de se replier en désordre. Depuis trois jours, à Nanterre comme à Lyon, le scénario des violences urbaines est immuable. Et dans ces deux villes si différentes, le profil des émeutiers est quasiment similaire : une majorité de lycéens, des grands frères désœuvrés et quelques très jeunes paumés, tous issus des quartiers sensibles.

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Parmi les 79 jeunes arrêtés mardi à Lyon, la préfecture du Rhône a ainsi dénombré 59 mineurs. Un tiers était connu des services de police pour des affaires de dégradations et de violences. L'un d'entre eux avait déjà 14 condamnations à son actif, un autre de 13 ans a été présenté au parquet. «Les casseurs viennent des banlieues de Lyon et d'une quinzaine de lycées de la ville, en grande partie ceux des quartiers sensibles», a indiqué le préfet Jacques Gérault.

«Ils viennent aussi pour s'amuser»

A Nanterre, ce sont surtout les «Pablo», des jeunes de la cité Pablo-Picasso qui ont lancé les hostilités autour du lycée Jolliot-Curie. «Certains appartiennent au lycée, d'autres se joignent à eux. Il y avait déjà de la tension depuis longtemps. Quand les collègues passent dans ce quartier, ils se font caillasser. On a eu 30 blessés rien qu'en juillet et en août», détaille un représentant du syndicat Alliance dans les Hauts-de-Seine.

Dans les deux villes, le problème des retraites n'est qu'un prétexte au déchaînement. « Il n'y a pas vraiment de leaders, ce ne sont pas des bandes structurées. Mais il y a un effet d'entraînement », observe un policier présent à Nanterre.

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Mercredi, de nombreuses rixes ont ainsi éclaté entre groupes de jeunes. «Ils viennent aussi pour s'amuser. Leur but, c'est de faire monter l'adrénaline», pense Xavier en seconde au lycée Eiffel (Rueil-Malmaison). Selon certains lycéens, cette rivalité s'entretient sur les réseaux sociaux. «Internet est le lieu où ils se défient. Finalement, au milieu de tout ça, pour eux, la police est juste une autre bande», explique Alain Chizat, policier d'Unité SGP-Police à Lyon.

Hortefeux

Malgré une relative accalmie, des incidents ont eu lieu encore à Nanterre (vitrines et Abribus brisés) et à Lyon (un camion en feu). Pour montrer sa détermination, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a effectué une visite éclair mercredi à Lyon. « La France n'appartient pas aux casseurs, aux pilleurs, ni aux caillasseurs », a-t-il déclaré.