Affaire Woerth-Bettencourt: les écoutes téléphoniques du Monde n'étaient pas valables

POLEMIQUE C'est ce que dit la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité...

C.C. avec AFP
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Le stand du journal «Le Monde» au Salon du livre de Paris en mars 2008.
Le stand du journal «Le Monde» au Salon du livre de Paris en mars 2008. — SIPA

La Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) a  rappelé jeudi les principes encadrant les écoutes,  laissant entendre que la procédure invoquée par la police afin d'identifier la  source d'un journaliste du Monde n'était pas valable. 

Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion de cette autorité  indépendante, chargée d'émettre des avis au Premier ministre sur des demandes  d'écoutes administratives, elle détaille la portée de  l'article 20 de la loi du 10 juillet 1991, qui avait été invoqué par des  enquêteurs pour justifier d'avoir épluché les «fadettes» (factures détaillées)  de David Sénat, alors conseiller du garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie.  Soupçonné d'être une source d'un journaliste du Monde dans l'affaire  Woerth-Bettencourt, David Sénat a depuis lors été muté à un autre poste.

Le cadre légal ne concerne que «la défense des intérêts  nationaux»

Dans son communiqué, la CNCIS rappelle que cet article 20, qui permet aux  policiers de s'affranchir du cadre légal sur les écoutes,  ne concerne que «la défense des intérêts nationaux» et ne porte que sur les  seules «transmissions empruntant la voie hertzienne». Concrètement, cette  exception concerne uniquement «une surveillance générale du domaine  radioélectrique par des opérations aléatoires de balayage des fréquences», mais  en aucun cas l'emploi des téléphones portables et encore moins les factures  détaillées les concernant.

Le 14 septembre, Rémi Récio, magistrat délégué auprès de la Commission, avait  déjà indiqué que le «type de requête» invoqué par la police dans l'affaire Sénat  n'entrait «pas dans le champ de ce que la CNCIS autorise». Depuis l'affaire a  rebondi avec une querelle d'interprétation autour d'une note du directeur de  cabinet du Premier ministre rappelant le principe de cet article 20, publiée par le Canard Enchaîné et Le  Monde.