Moines de Tibéhirine: Le général Rondot entendu comme témoin

JUSTICE La thèse d'une bavure de l'armée algérienne figure parmi les pistes explorées par les enquêteurs français...

C. F. avec AFP
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Le général Philippe Rondot, témoin capital dans l'affaire Clearstream, est arrivé vendredi peu avant 09H00 au pôle financier du palais de justice de Paris pour y être à nouveau entendu par les juges chargés de l'enquête, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le général Philippe Rondot, témoin capital dans l'affaire Clearstream, est arrivé vendredi peu avant 09H00 au pôle financier du palais de justice de Paris pour y être à nouveau entendu par les juges chargés de l'enquête, a constaté un journaliste de l'AFP. — Martin Bureau AFP/Archives

Le général Philippe Rondot et ses carnets réapparaissent. Sorti de l'ombre lors de l'affaire Clearstream, l'officier de renseignement doit être entendu ce lundi comme témoin par un juge antiterroriste dans les enquêtes sur l'enlèvement des moines de Tibéhirine en 1996, dont l’adaptation cinématographique vient tout juste de sortir sur les écrans français.

L’homme, qui conservait dans de petits carnets trace de ses activités, a notamment oeuvré pour la DST (contre-espionnage) et comme conseiller du ministre de la Défense pour le renseignement et les opérations spéciales (Cros) de 1997 à 2005.

«Tolérance de la part des services algériens»

Peu après l'enlèvement des sept moines dans leur monastère de Notre-Dame de l'Atlas, au sud d'Alger, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, le général s'était rendu à Alger pour le compte de la DST. Il voulait s'informer auprès du général Smaïn Lamari, patron de la DCE algérienne (Direction du contre-espionnage) en lutte contre les maquis islamistes, selon ses rapports à la DST déclassifiés fin 2009 et que l'AFP a consultés.

Dans d'autres rapports, il fait part de ses «considérations (amères) sur la gestion de l'affaire» et déplore - après l'assassinat des moines revendiqué par le GIA de Djamel Zitouni - que «très (trop) longtemps - et pour des raisons d'ordre tactique - Djamel Zitouni et ses groupes ont bénéficié d'une relative tolérance de la part des services algériens».

Un déjeuner «à la popote» avec le juge Bruguière

La thèse d'une manipulation de Djamel Zitouni, voire d'une bavure de l'armée algérienne, figurent parmi les pistes explorées par les enquêteurs français. Entendu en octobre 2006 par le juge Jean-Louis Bruguière, alors chargé de l'enquête, le général Rondot avait affirmé n'avoir «aucun élément qui irait dans le sens d'une “manipulation” des services algériens».

Ses fameux carnets, versés au dossier d'instruction, intéressent également les enquêteurs. Dans l'un, il mentionne à la date du 22 janvier 2004 à propos de Tibéhirine un déjeuner «à la popote» avec le juge Bruguière et note qu'il faut «encadrer le juge», a dit une source proche du dossier.