Roms et Eglise: Christine Boutin envisage de divorcer de l'UMP, Dominique de Villepin évoque «une tache de honte sur notre drapeau»

REACTIONS Alors que le pape et les catholiques français s'élèvent contre les expulsions...

O.R. avec AFP
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Des femmes dans un camp de Roms le 30 juillet 2010, près de Lyon.
Des femmes dans un camp de Roms le 30 juillet 2010, près de Lyon. — AFP PHOTO / JEFF PACHOUD

Après les déclarations du Pape et de plusieurs prêtres français contre les expulsions de Roms menées par le gouvernement français, les réactions se multiplient à gauche comme à droite.

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Le PS estime que la France est mise «au ban des nations»
Benoît Hamon, le porte-parole du parti, estime que les critiques du pape Benoît XVI et d'hommes d'Eglise mettent la France «au ban des nations en matière de Droits de l'homme». Le gouvernement «invoque désormais la séparation de l'Eglise  et de l'Etat» et «la redécouvre, au moment où le Vatican critique  l'attitude de la France à l'égard des Roms», relève-t-il, estimant qu'il y a «une politique évidente de stigmatisation» à l'encontre de cette minorité.

François Bayrou rappelle que la France est un pays «laïc»

Le président du  Mouvement Démocrate (MoDem) juge «grave et  dangereux» de «prendre pour cible à grand spectacle une communauté toute  entière», à propos des expulsions de Roms menées par le gouvernement. Mais à propos de l'intervention du pape Benoît XVI et de  catholiques français contre ces expulsions, François Bayrou souligne que la  France est «un pays laïc», ce qui «signifie qu'aucun magistère religieux  n'a une quelconque autorité sur la République». Toutefois, «la République a ses valeurs fondamentales: le respect du droit, et les droits de l'homme font partie de ce bloc  de valeurs républicaines qui sont communes, en réalité, à tous les  humanismes». «La déclaration du pape, en français, est une défense de  ces valeurs. Ce n'est pas un rappel politique, c'est un rappel de  valeurs», estime le leader centriste, qui n'a jamais caché sa foi  catholique.

Frédéric Lefebvre pense à la souffrance des Français

Le porte-parole  de l'UMP appelle à ne pas «oublier la  souffrance des Français» et leur «exaspération», au lendemain des propos  du pape Benoît XVI et des critiques d'hommes d'Eglise sur les  expulsions de Roms. «Il ne faut pas participer à opposer (...) la fraternité et  la légalité», a-t-il déclaré lors du point de presse  hebdomadaire de l'UMP. Et «il ne faut pas oublier la souffrance de tous ces Francais  qui sont victimes de la violence et qui sont exaspérés par des  situations d'illégalité qui perduraient», a-t-il ajouté, en indiquant que «sur la question des Roms», «les courriers au ministère de l'Intérieur viennent autant des élus de gauche que des élus de droite».

Christine Boutin envisage de divorcer de l'UMP
L'ex-ministre Christine juge que l'affaire des Roms  et la déclaration de Benoît XVI relance la réflexion sur un possible  divorce entre sa formation, le Parti Chrétien-Démocrate (PCD) et l'UMP,  auquel elle est toujours alliée. Est-ce la goutte d'eau qui pourrait entraîner une séparation? «Pour l'instant, à l'heure où je vous parle, non», a-t-elle déclaré à  l'AFP. «Mais ça conforte notre réflexion sur 2012 et le fait que nous  pourrions avoir un représentant dans cette élection présidentielle, moi  ou quelqu'un d'autre». «Il est vrai que c'est la première fois que j'ai des demandes  aussi nombreuses de mes adhérents pour que nous quittions notre  association avec l'UMP», a observé Christine Boutin, parlant d'une «fêlure  supplémentaire et importante» dans sa relation avec l'UMP.

Pour Luc Chatel, les prises de position des  différents cultes sont les «bienvenues»
Elles «contribuent au débat», a déclaré le porte-parole du gouvernement devant la presse, en marge d'un  déplacement dans un lycée du 19e arrondissement de Paris. Luc Chatel a assuré que la France restait «un grand pays d'accueil» et était «très généreuse en matière d'immigration». «Simplement pour être généreux, il faut aussi être ferme  vis-à-vis des étrangers qui sont entrés de façon illégale sur le  territoire», a-t-il dit.

Dominique de Villepin évoque «une tache de honte sur notre drapeau»
L'ex-Premier ministre ne mâche pas ses mots. Il estime que les récentes décisions du  gouvernement contre l'insécurité, notamment l'expulsion des Roms, font «une tache de honte sur notre drapeau», appelant les Français à s'insurger contre cette «dérive inacceptable». «Il aura suffi d’un discours à Grenoble et d’un été, d’un  seul été, pour que tout bascule, de la lutte contre l’insécurité à  l’indignité nationale», affirme Dominique de Villepin dans une tribune publiée  dans le Monde daté mardi. Dénonçant une «surenchère sécuritaire», il estime que  celle-ci «n’a d’autre but que la provocation et la division pour assurer  la conservation du pouvoir au service d’intérêts personnels». Pour l'ancien chef du gouvernement, cette politique constitue  une «faute morale, (une) faute collective commise en notre nom à tous,  contre la République et contre la France».

Pour Eric Besson, la France prend «plus que sa part à la fraternité universelle»
Le ministre de  l'Immigration a déclaré sur France Inter que les critiques émises à l'étranger était «très injustes», estimant que la France prenait «plus que sa part à la fraternité universelle». «Nous sommes le 2e pays au monde après les Etats-Unis - nous  sommes passés devant le Canada - en matière d'asile. Nous accueillons  sur notre sol 170.000 étrangers au titre du long séjour chaque année. Et  nous avons, en matière d'étrangers en situation irrégulière, le droit  le plus respectueux des étrangers. Donc à l'aune de cette fraternité  universelle, je pense que la France ne fait pas mal», a ajouté Eric  Besson.

Bruno Le Maire et la séparation de l’Eglise et de l’Etat
Le ministre de l'Agriculture a rappelé ce lundi «le principe de la séparation totale de l'Eglise et de l'Etat» en France. «Sur le fond, il y a dans notre pays une règle très importante qui est la séparation de l'Eglise et de l'Etat», a-t-il déclaré sur France 2. «L'Eglise prend des positions qui sont dictées par la morale, par ses propres règles, nous, nous sommes les représentants de l'Etat, nous sommes là, le président de la République, le Premier ministre, l'ensemble des ministres, pour faire respecter la règle de droit sur le territoire», a-t-il ajouté.

Le «haut-le-coeur» de Cécile Duflot
«Ce que fait le ministre de l'Intérieur aujourd'hui, couvert totalement par le président de la République, ça soulève un haut-le-coeur chez certains, un véritable haut-le-coeur», a déclaré la secrétaire nationale des Verts sur RMC. Elle a fait référence aux «déclarations du prêtre de Lille, qui a explosé en fait, qui a dit profondément ce qu'il pensait» même si, a-t-elle ajouté, «il ne faut jamais souhaiter la mort de quelqu'un».

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