Vie chère en Martinique : Des troubles éclatent après l’incarcération de Rodrigue Petitot, le leader de la contestation
Emeutes•Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, a été placé en détention provisoire en attendant son jugement en janvier, une décision qui a entraîné des émeutes sur l’île20 Minutes avec AFP
Le leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, Rodrigue Petitot, a été placé en détention provisoire jeudi par la cour d’appel de Fort-de-France. Cette décision a entraîné des troubles dans la nuit de jeudi à vendredi.
Le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéens (RPPRAC) restera écroué jusqu’à son procès le 21 janvier. Rodrigue Petitot, surnommé « le R » par ses soutiens, avait d’abord été placé sous contrôle judiciaire, le 15 novembre. Mais le parquet de Fort-de-France avait fait appel de cette décision.
« Une décision commandée par des motifs politiques »
Le dirigeant de l’association avait lancé en septembre un mouvement de contestation contre la vie chère, qui a dégénéré en violences nocturnes. Il avait été interpellé le 12 novembre pour des faits de violation de domicile, la veille, du domicile du préfet.
« C’est une décision de justice commandée, peut-être, par des motifs politiques », a fustigé Georges-Emmanuel Germany, l’un de ses avocats. Son confrère, Eddy Arneton, a dénoncé « une défaite de la justice […] On va se battre jusqu’au bout pour obtenir justice ».
Rodrigue Petitot a également été reconnu coupable, lundi, d’intimidations à l’encontre des maires de Martinique et condamné à dix mois de prison ferme aménageable.
Des émeutes ont éclaté à Fort-de-France après son placement en détention provisoire. Selon la préfecture de la Martinique, « une trentaine » de personnes, « parfois très jeunes, a réagi en tentant de piller plusieurs magasins, en y mettant le feu, et en lançant des projectiles ou procédant à des tirs de mortiers sur les forces de sécurité intérieure et les pompiers ».
La préfecture indique que les forces de l’ordre ont été visées par des « tirs à balles réelles », sans toutefois faire de blessé. Trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Le calme est revenu vers 1 heure du matin (6 heures à Paris).
Notre dossier sur les émeutes en MartiniqueSur cette île des Antilles où les denrées alimentaires sont en moyenne 40 % plus chères que dans l’Hexagone, selon l’Insee, des émeutes ont éclaté à plusieurs reprises ces trois derniers mois.
92 condamnations depuis le début des émeutes en septembre
Depuis début septembre, 214 personnes ont été interpellées, « dont 92 ont reçu une réponse pénale à ce jour », parmi lesquelles 16 ont été incarcérées, a précisé la préfecture. Dans un précédent bilan, les autorités avaient indiqué que 298 véhicules, 33 bâtiments privés et six bâtiments publics avaient été incendiés et 174 locaux commerciaux cambriolés dans le sillage du mouvement.
Un protocole contre la vie chère a été signé le 16 octobre pour faire baisser de 20 % les prix de 6.000 produits, mais il a été « suspendu » à la suite de la censure du gouvernement de Michel Barnier, a annoncé jeudi le ministre démissionnaire des Outre-mer, François-Noël Buffet, dans un entretien à Ouest-France.