Disparition de Morgane en Bretagne : Les réseaux sociaux semblent bien à l’origine de son départ
Enquête•Morgane, adolescente de 13 ans, n’a plus donné signe de vie depuis qu’elle a quitté son domicile de Pabu, dans les Côtes-d’Armor, il y a une semaineC. A.
L'essentiel
- Morgane, 13 ans, n’a plus donné signe de vie depuis le 25 novembre quand elle a quitté son domicile de Pabu, près de Guingamp.
- L’adolescente avait eu une altercation avec ses parents la veille de son départ au sujet de son utilisation trop importante des réseaux sociaux.
- Des camarades du collège ont fait savoir que l’adolescente était en situation d’addiction et semblait s’isoler. Des faits de harcèlement sont également évoqués.
Edit du 11/12/2024 : Morgane a été retrouvée saine et sauve le 10 décembre dans un foyer de jeunes travailleurs de Coutances, dans la Manche. Elle était hébergée par un homme de 21 ans rencontré sur les réseaux sociaux et qui était venu la chercher à Pabu le 25 novembre.
Les enquêteurs mobilisés sur la disparition de Morgane ont abattu un travail colossal. Depuis la disparition de l’adolescente de 13 ans le 25 novembre à Pabu (Côtes-d’Armor), les gendarmes ont mené 110 auditions afin de tenter de retrouver la trace de la jeune fille. En vain. Mais au fil des interrogatoires menés auprès de la famille et des amis de Morgane, les enquêteurs ont semblé mettre le doigt sur le point central de la disparition de l’adolescente : l’usage des réseaux sociaux.
Comme bon nombre de jeunes de son âge, l’adolescente en avait une utilisation régulière. Trop intense aux yeux de ses parents, mais aussi de certains camarades, qui ont évoqué un certain isolement et une addiction à son téléphone. Mais depuis une semaine, aucune connexion n’a été enregistrée avec les comptes de Morgane. L’adolescente n’avait plus de téléphone ni de carte SIM, son père ayant cassé l’appareil et confisqué la carte la veille de la disparition. Dans la corbeille de sa chambre, les gendarmes ont découvert une feuille froissée où il était écrit : « Papa, maman, désolé, je pars ».
Des craintes de harcèlement évoquées
Portée disparue depuis le 25 novembre, la jeune fille est décrite par ses parents comme « , heureuse, joyeuse, souriante » mais aussi « débrouillarde » et qui « travaille bien à l’école ». Ils ont reconnu qu’il y avait parfois des querelles au sein de la famille, qui trouvaient systématiquement leur origine dans l’utilisation exagérée des réseaux sociaux par Morgane.
Passionnée de tennis, l’adolescente avait visiblement un comportement différent au collège. Plusieurs camarades de classe ont partagé leurs craintes d’un mal-être, évoquant une « addiction au téléphone » générant un certain isolement, a fait savoir le procureur de la République de Saint-Brieuc Nicolas Heitz. Un entraîneur de tennis avait partagé le même constat. Des élèves du collège Albert-Camus de Grâces, près de Guingamp, ont même évoqué leurs craintes d’une situation de harcèlement, confirmée par une intervenante du collège. « Morgane a pu tenir des propos inquiétants, certains camarades évoquant des scarifications qu’elle se serait infligées », révèle le procureur.
Un homme en garde à vue dans la Drôme
Les investigations des gendarmes laissent à croire que l’adolescente n’allait pas si bien que ça et trouvait refuge dans l’utilisation des réseaux sociaux. Avant sa disparition, elle avait posté une story (supprimée depuis) annonçant qu’elle n’irait pas au collège le lundi. Mais pour aller où ? Pour le savoir, les gendarmes se sont penchés sur les relations nouées par l’adolescente avec « des individus plus âgés rencontrés sur les réseaux sociaux ». Aucune audition n’a permis d’avancer sur la localisation de l’adolescente.
Seul un homme âgé de 21 ans a été placé en garde à vue. Domicilié dans la Drôme, il est soupçonné d’avoir créé un compte Snapchat pour Morgane. Sur son téléphone, « plusieurs images à caractère pédopornographique » ont été trouvées mais « ne concernant pas Morgane » a fait savoir le procureur. L’adolescente aurait également rencontré un homme de 29 ans demeurant dans l’Eure. Les deux téléphones de Morgane, celui qui est cassé et son ancien, sont en cours d’expertise. « A ce stade, toutes les pistes sont envisagées. Aucune n’est privilégiée », a rappelé Nicolas Heitz.