Nice : Des signalements de prières dans des écoles démentis par des parents qui évoquent un « jeu »

RELIGION Selon des parents d’enfants de l’école Pierre-Merle, les faits signalés jeudi ne seraient en fait qu’un simple « jeu ». Le rectorat, lui continue de « rappeler une nouvelle fois la loi de 2004 sur la laïcité »

Fabien Binacchi
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Dans une école de Nice (Illustration)
Dans une école de Nice (Illustration) — Syspeo / Sipa
  • Après plusieurs autres cas qui n’ont pas été remis en cause, la mairie alertait : trois nouveaux élèves de CE2 auraient été surpris en train de prier dans la cour de leur établissement.
  • Des parents assurent pourtant dans les colonnes de Nice-Matin qu’il ne s’agissait que d’un jeu et reprochent à la municipalité, qui les a convoqués, de ne pas avoir rétabli « la vérité ».
  • Sollicité par 20 Minutes ce lundi, le rectorat de l’académie de Nice explique pourtant que les faits rapportés sont « clairs » avec des « enfants agenouillés ».

Que s’est-il réellement passé jeudi dernier à l’école Pierre-Merle, dans le quartier du port de Nice ? Après plusieurs autres cas qui n’ont pas été remis en cause, la mairie alertait : trois nouveaux élèves de CE2 auraient été surpris en train de prier dans la cour de leur établissement. La rectrice confirmait elle-même ces « signalements ». Des parents assurent pourtant dans les colonnes de Nice-Matin qu’il ne s’agissait que d’un jeu et reprochent à la municipalité, qui les a convoqués, de ne pas avoir rétabli « la vérité ».

Sollicité par 20 Minutes ce lundi, le rectorat de l’académie de Nice explique pourtant que les faits rapportés sont « clairs » avec des « enfants agenouillés ». La rectrice « rappelle une nouvelle fois la loi de 2004 sur la laïcité » qui prévoit que, « dans les écoles […], le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit », appuie une porte-parole.

Une prière ou un « jeu pour se faire peur » ?

Alors qu’en est-il ? Selon les informations de 20 Minutes, les trois enfants en question, âgés de 8 ans, auraient bien été surpris dans la cour, agenouillés sur leur pull, en train de lever et baisser les bras. Une situation sans équivoque d’après plusieurs sources. S’agissait-il d’une véritable prière ? D’une mise en scène relevant du mimétisme ? Ou bien d’un « jeu pour se faire peur », comme l’ont finalement expliqué deux parents d’élèves à Nice-Matin ? Les écoliers auraient « fait une ronde invoquant la dame blanche » à la vision d’un sac leur rappelant une forme fantomatique.

Il ne s’agissait en tout cas en aucun cas d’un geste religieux, selon eux. Et pour le grand-père de l’un des petits qui « va bien, même si c’est fragile », cette situation leur a « fait du mal, beaucoup de mal ». « On a la chance d’être une famille catholique qui tient bien sur ses pattes, explique-t-il. Et si la même injustice était arrivée à une famille musulmane ? Je ne cesse d’y penser. »

« Des incitations qui se manifestent de plus en plus sur les réseaux sociaux »

Il reproche à la mairie d’avoir communiqué, de ne pas avoir donné la bonne version des faits et de ne pas avoir rétabli « la vérité ». Dans un communiqué transmis vendredi après la convocation des parents, la municipalité expliquait « que les cellules familiales n’ont démontré aucune volonté d’enfreindre les principes de laïcité et de la République ». Sans toutefois démentir sur le fond, dans un texte ayant toujours pour objet « prières dans les écoles ».

Pas de démenti non plus du côté du rectorat, qui appuie encore ce lundi sur le fait que les signalements rapportés étaient « clairs ». Mais s’il s’agissait d’un simple amusement comme le rapportent des parents ? Pour la rectrice, ce genre de mise en scène « ne doit pas être un jeu », rapporte une porte-parole, avant de préciser : « Ou on considère qu’ils sont petits et que ce n’est pas bien grave. Ou, au contraire, on considère qu’ils sont petits et que c’est très grave. » L’académie de Nice et la ville s’en tiennent à la seconde option. « Notre devoir est de rester particulièrement vigilants face aux incitations d’enfreindre la laïcité, qui se manifestent de plus en plus sur les réseaux sociaux », indique la mairie dans son communiqué.