Logement : Il faudra changer de braquet pour espérer répondre aux besoins d'ici à 2040
retard En ouverture de son congrès annuel, l’Union sociale de l’habitat (USH) a dévoilé une étude sur les besoins de nouveaux logements en France. A sa lecture, un retard important est pris chaque année
- Le congrès annuel de l’union sociale pour l’habitat se déroule jusqu’à jeudi à Nantes.
- En ouverture de ce rendez-vous majeur pour le secteur du logement social, une étude sur les besoins en logements en France d’ici à 2040 a été dévoilée.
- Pour répondre aux enjeux démographiques, environnementaux et à la résorption du mal-logement, il faudrait au moins 518.000 logements supplémentaires par an, dont 198.000 sociaux.
La France aurait besoin de 518.000 logements par an entre 2024 et 2040 pour répondre aux tendances socio-démographiques et aux impératifs de transition écologique. Soit bien plus que la moyenne de 430.000 logements neufs autorisés par an depuis l’élection d’Emmanuel Macron. C’est ce qui ressort d’une étude complète dévoilée ce mardi à l’occasion du coup d’envoi du 83e congrès HLM de l’Union sociale pour l’habitat (USH) à Nantes, l’un des rendez-vous majeurs des acteurs du logement social en France.
L’étude, réalisée par le cabinet spécialisé HTC sur commande de l’USH, fait état d’un besoin de 116.000 logements annuels pour permettre le « desserrement des ménages », c’est-à-dire accompagner la baisse du nombre de personnes par logement sous l’effet principal de la hausse des familles monoparentales et du vieillissement de la population. L’étude prévoit aussi, notamment, 100.000 logements par an pour « répondre au maintien de la demande de résidences secondaires », 33.000 logements pour compenser la disparition des habitations les plus énergivores liée à l’interdiction de louer les passoires thermiques, 74.000 logements pour absorber la hausse des flux migratoires et 23.000 logements pour absorber le solde naturel (naissances).
Mais la plus grande part des besoins est liée à la résorption du mal-logement : 122.000 nouveaux logements par an seraient nécessaires pour tenter de loger les personnes sans abri ou vivant dans de l’habitat indigne. La réponse aux besoins en logements passe par la « production de logements neufs » mais aussi par la « remise sur le marché de logements existants », précise le cabinet HTC.
Les logements sociaux en nombre très insuffisant
Par ailleurs, l’étude s’est aussi projetée sur les besoins de logements sociaux, répondant donc aux critères d’attribution des HLM. Ce chiffre est estimé à 198.000 logements sociaux supplémentaires par an entre 2024 et 2040 pour répondre aux enjeux, soit 38 % tout de même du besoin global en logements. A titre de comparaison, un peu moins de 100.000 logements sociaux ont été agréés (autorisés) en 2021 puis en 2022. Et ils devraient être encore moins nombreux en 2023, à peine plus de 85.000, selon Patrice Vergriete, ministre délégué au Logement.
« On mesure l’ampleur de la tâche, réagit Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH et ancienne ministre écologiste du Logement dans le gouvernement de Manuel Valls. L’étude permet de battre en brèche cette idée qu’il n’y aurait pas vraiment besoin de nouveaux logements. Il faut être aveugle pour continuer à dire ça. Au contraire, tout le travail réalisé depuis dix ans doit être révisé à la hausse. »
« Il y a un gros problème dans le pays »
Présent à l’ouverture du congrès, l’économiste Bernard Coolos insiste sur les besoins spécifiques aux grandes métropoles. « Il n’y a pas de déport vers les territoires moins attractifs. Les logements vacants de la Corrèze ne logeront pas les demandeurs d’Ile-de-France, ce n’est pas comme ça que ça marche, c’est irréaliste », prévient-il.
Robin Rivaton, investisseur et essayiste, appuie de son côté sur la nécessité de ne pas compter sur une hausse de la cohabitation pour résoudre une partie du déficit. « En Ile-de-France, on a aujourd’hui beaucoup plus d’étudiants qui vivent chez leurs parents ou en colocation mais c’est un choix par défaut. Les gens veulent vivre de manière plus isolée, plus individuelle. On peut le déplorer mais c’est comme ça. Il faut donc avoir du stock et construire davantage », estime-t-il. « Tous les acteurs du logement sont aujourd’hui alignés pour dire qu’il y a un gros problème dans le pays. Il faut que l’Etat les entende. Mon inquiétude, c’est le temps nécessaire pour relancer le système », s’alarme Eric Piolle, maire de Grenoble (EELV).
Le ministre chargé du Logement Patrice Vergriete, doit s’exprimer en clôture du congrès de l’USH jeudi après-midi à Nantes. Il a dit avoir envoyé le week-end dernier à la confédération des propositions pour un « pacte de confiance », sans en dévoiler le contenu.
Les organismes HLM logent environ 10,2 millions de personnes en France. Un Français sur deux vit ou à vécu en HLM.